Kill List

Un texte signé Quentin Mazel

Angleterre - 2011 - Ben Wheathey
Interprètes : Neil Maskell, MyAnna Buring, Michael Smiley,

L’Hallucination Collective de Lyon nous propose encore de belles découvertes cette année. Le film KILL LIST sélectionné en compétition en est un bon exemple.

KILL LIST raconte l’histoire de Jay un ancien soldat, devenu tueur à gages. Malgré un précédent contrat difficile, il accepte une nouvelle mission avec son partenaire habituel.

Si vous vous posez la question de ce que donnerait un étrange mélange entre DIRTY HARRY et WICKER MAN, monsieur Ben Wheathey vous donne la réponse.

Ben Wheathey est un cinéaste anglais qui commence sa carrière à la télévision, réalisant plusieurs séries humoristiques peu connues tels que, The Wrong Door, Modern Toss ou Ideal. Il passe ensuite au cinéma en 2009 avec une comédie, Down Terrace qui rencontre peu de succès et dont on attend toujours la sortie en France. Il réalise ensuite le film « KILL LIST »  en 2011. Monsieur Wheathey quitte alors son registre de prédilection pour quelque chose de plus poignant.

C’est avec une grande joie qu’on découvre un trio principal tout à fait excellent. En effet, outre le joli minois de la ravissante MyAnna Buring qu’on avait déjà vue dans, « THE DESCENT » de Neil Marshall ou encore dans le segment « Grind House »d’ Edgar Wright, le casting est d’une grande qualité. En tête, on a monsieur Neil Maskell qui incarne avec aisance et grande justesse à la fois le bon père de famille et le tueur à gages légèrement en proie à la violence froide et nerveuse. Cet acteur n’est pas inconnu rappelons-le, il était présent sur le casting de l’excellent « DOGHOUS » (2009), de « PAINTBALL » (2009) moins réussi, ou encore de « BASIC INSTINCT 2  » (2006). Son collègue, Michael Smiley, lui aussi s’en sort très bien. Son jeu tout en finesse amène une légère touche d’humour qui rend le duo de tueurs parfaitement attachant. Michael Smiley, était déjà au générique dans le film précédent de Wheathey, « DOWN TERRACE ». Il était aussi présent dans d’autres films comme « CADAVRES A LA PELLE » de John Landis, présenté l’année dernière au festival. Il a joué également dans « OUTPOST » de Steve Barker.

Les scènes de dîners sont sûrement les moments qui font le plus briller les acteurs. C’est grâce à une justesse de ton, d’une écriture incroyablement piquante, ainsi que d’une maîtrise parfaite des silences, que le film arrive à installer un climat de malaise constant avec très peu d’artifices. C’est une tension permanente qui parcourt le film ; cette tension reste cependant bien différente de celle d’un thriller traditionnel.

On notera cette scène fabuleuse du repas dans un hôtel où nos deux tueurs à gages sont confrontés à un groupe de « hippies religieux ». Le savoir faire dans l’écriture des dialogues éclate. On découvre de belles idées de mise en scène et des cadrages assez risqués, mais particulièrement intéressants qui rendent cette scène tout à fait succulente.

Le spectateur se retrouve ici dans un univers étrange où le mystère plane en permanence et où le sentiment de marcher sur un fil donne l’impression que le dérapage n’est jamais très loin.
Pour mettre en images son thriller horrifique, Ben Wheathey opte pour une camera à l’épaule et filme ses acteurs de très près. Une immersion totale qui, mêlée avec un début de film très proche du drame social, renvoie à un certain réalisme cru.

On dit réalisme  mais le film est il vraiment réaliste ? C’est plutôt une ambiance onirique qui se dégage du métrage, un rêve, une hallucination… collective ? C’est bien une recherche constante de la micro ellipse et de la symbolique qui rend ce film si particulier. Au-delà de cela, le film n’explique rien. Tout est sous-entendu… enfin dans le meilleur des cas. Finalement, le spectateur se retrouve à devoir suivre une histoire qui change de ton et de direction scénaristique en permanence, avec des références hétérogènes. En somme, tout est fait pour déstabiliser le plus possible le spectateur en lui laissant cependant assez de clefs pour comprendre l’intrigue et la suivre.
Finalement, KILL LIST est un film hybride et polymorphe. C’est dans cette dynamique perpétuelle que le rythme et l’ambiance se construisent. Un pari difficile et ambitieux parfaitement relevé par le réalisateur britannique. KILL LIST remplit ainsi le difficile pari de créer une ambiance oscillant en permanence entre réalisme et onirisme. Il transporte le spectateur dans un monde bien particulier dans lequel on comprend parfois et on admet beaucoup. Le film de Ben Wheathey est en somme un rêve, ou plutôt un cauchemar dans lequel le spectateur est aspiré. La musique très minimaliste y joue aussi un rôle important. Elle est source de sentiments de décalages temporels et surtout d’ésotérisme mystique. C’est sûrement le final que nous ne dévoilerons pas, qui prêtera le plus à débat ; il évite le déferlement des passions et donne au film une certaine sobriété qui confirme peut-être ce lien avec le songe.

KILL LIST se révèle ainsi un film fascinant, déroutant et innovant qui mêle à la fois humour, tendresse, horreur et suspense.
Vous l’avez bien compris : Kill List est à découvrir.

Retrouvez notre couverture de l’Etrange Festival 2012.


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- Article rédigé par : Quentin Mazel

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