Un texte signé Grégory Lécrivain

USA - 2011 - William Friedkin
Interprètes : Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Juno Temple, Thomas Haden Church, Gina Gershon

BIFFF 2012Dossierreview

Killer Joe

William Friedkin nous livre avec KILLER JOE un film triomphal, à la fois dément, sombre et bizarre, tiré de la pièce homonyme. Le dramaturge Tracy Letts – dont la pièce « Bugs » avait déjà été adaptée en film par Friedkin en 2007 – a également écrit le scénario, et le film conserve une qualité théâtrale qui n’est pas sans rappeler Agatha Christie ou Christopher Bond (dont la réécriture en 1973 du conte victorien « Sweeney Todd » a formé la base de la comédie musicale éponyme de Stephen Sondheim) – le tout trempé dans la plus sombre des comédies noires que l’on puisse imaginer.

Matthew McConaughey joue Killer Joe Cooper, à la fois détective de la police du Texas et tueur à gages en dehors de ses heures de service. Chris (Emile Hirsch) et Ansel (Thomas Haden Church) forment un duo père-fils d’une rare bêtise et déterminé à éliminer la mère de Chris afin d’empocher une police d’assurance de 50 000 dollars. Après que Joe se soit pris d’affection pour Dottie, la sœur dérangée de Chris, ils ont peu de scrupules à la sacrifier en guise de caution. Sharla (Gina Gershon), la seconde femme d’Ansel, entre en scène et la dynamique familiale ne tarde pas à partir en vrille de la manière la plus spectaculaire et la plus étrange qui soit.

KILLER JOE est tellement de choses – imagé, gore, dérangeant, sexy, drôle – mais plus que tout, il est imprévisible. La sensibilité de Friedkin est toujours aussi présente, le seul point commun entre ses films étant une excentricité remarquable et son dévouement sans compromis à l’histoire. KILLER JOE ne fait pas exception, et parvient à conquérir le public dès son ouverture. Les choses les plus impensables se produisent, et pourtant on accepte facilement tout ce qui est montré à l’écran parce que Friedkin a mis en place un univers auquel il croit entièrement. On ne peut s’empêcher d’y croire également.
Tous les rôles sont interprétés de façon intelligente et dévouée. Le numéro de McConaughey en tueur fou est étonnamment convaincant, et Juno Temple brille comme l’objet rêveur de son affection perverse. Emile Hirsch est charmant et débile à la fois, et Gina Gershon incarne brillamment une Sharla amère et manipulatrice. Gershon n’hésite pas à payer de sa personne lors de scènes dérangeantes voire même dégradantes. Au vu de tous ces rôles hauts en couleur, il est a espérer que le jeu discret de Thomas Haden Church ne passera pas inaperçu. La douce résignation d’Ansel est à l’origine des moments les plus drôles du métrage.

KILLER JOE a été présenté au 30e Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF), dans une salle comble. Il sort en salle en juin 2012.

En conclusion, KILLER JOE occupe un univers bien à lui et se fiche pas mal que vous le rejoignez ou pas. Friedkin, Letts et toute la distribution foncent tête baissée à travers un territoire incroyablement étrange et sombre sans jamais se retourner pour voir si le public arrive à suivre. Mais ceux qui le font ne le regretteront pas.

Retrouvez nos chroniques du BIFFF 2012.


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- Article rédigé par : Grégory Lécrivain

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