Killer Kid

Un texte signé Philippe Delvaux

Italie - 1967 - Leopoldo Savona
Titres alternatifs : Je suis un tueur, Chamaco
Interprètes : Antonio De Teffé, Fernando Sancho, Nelson Rubien, Giovanni Cianfriglia, Domenico Cianfriglia, Liz Barrett, Virgin Darval

Killer Kid, un dangereux bandit, s’évade de la caserne où il attendait sa pendaison et s’enfuit au Mexique où il croise les révolutionnaires menés par Santos. Caché par ses partisans, ce dernier tente d’armer la révolution en achetant des armes au trafiquant Barns, lequel pille les stocks de l’armée américaine. En première ligne avec les loyalistes, Villar, le lieutenant de Santos, est partagé entre son credo révolutionnaire et l’appât du gain. Face à eux, l’impitoyable et cruel général Ramirez est prêt à tout pour trouver Santos et démanteler la rébellion. Et, au passage, à capturer Killer Kid, à l’encontre duquel le Gouvernement américain a lancé un avis de recherche assorti d’une prime de 5000 dollars, pour qui le ramènerait vivant. Santos se rapproche de Killer Kid, et sa fille Mercedes encore plus, au contraire de Villar, qui se méfie de ce gringo. Et se pourrait-il que Killer Kid ne soit pas celui qu’il prétend être ?

Au sein du western italien, KILLER KID fait partie du sous-genre axé autour de la révolution mexicaine, parfois appelé western Zapata. Cette branche, sans nul doute la plus importante quantitativement des déclinaisons du western italien de l’époque « sérieuse », avant le déclin introduit par les TRINITA, a produit nombre de chefs d’œuvre, au premier rang desquels le dernier western réalisé par Sergio Leone, IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION, et une bonne partie de l’œuvre de Sergio Sollima.

Mais ceux-là ne furent donc pas les seuls et, dans cette catégorie, sans atteindre les cimes de ses collègues, Leopoldo Savona ne s’en tire pas mal du tout avec son KILLER KID.

Brisons immédiatement avec les sujets qui fâchent, KILLER KID n’est pas une œuvre parfaite. Pour l’apprécier, il faudra excuser une condensation dramaturgique parfois fort abrupte. Certes, c’était alors le lot commun de nombre de produits du ciné populaire, mais on reste quand même un peu perplexe devant, par exemple, la facilité avec laquelle le héros emballe Mercedes.

C’est d’autant plus dommage que dans l’ensemble, le scénario nous propose des personnages plus complexes que les coquilles vides qui peuplent nombre de westerns italiens : KILLER KID agit en fonction d’une mission sur laquelle nous ne dévoilerons rien ici, mais change d’attitude à la fin. Les prémisses de sa prise de conscience se situe lors d’un massacre commis pour raison d’état par le général Ramirez. Une scène cruelle où ne sont épargnées ni femmes, ni enfants. Et le personnage le plus intéressant est sans nul doute celui de Villar, campé par l’évident Fernando Sancho. Villar est un révolutionnaire, mais aussi un bandit. Il est partagé entre la loyauté à la cause et la tentation d’un gain facile. Une très belle scène le voit révéler sa fragilité auprès de Dolorès, une femme qu’il a auparavant bien mal traitée. Après une trahison, il se montre alors lucide sur l’aura qu’il inspire. Bien plus que les scènes d’action, cette séquence fait le prix de ce métrage.

La mise en scène de Leopoldo Savona révèle plus qu’un solide artisan, l’ensemble est aussi bien filmé que monté. Une vraie réussite de ce côté.

Le scénario fait un peu trainer son enjeu, mais accélère les choses à la moitié du métrage qui voit en quelques minutes le Killer kid agir d’une manière inattendue, puis entamer une romance avec Mercedes. Juste après, une scène d’explication nous remet sur les rails, les auteurs n’ayant visiblement pas osé laisser trop longtemps le spectateur en questionnement. De toute manière, les nombreuses scènes d’action et les gunfight font bien avancer l’action.

L’époque étant encore aux productions assez noires, le scénariste a remis du tragique dans le final qui permet de justifier le basculement du héros.

Leopoldo Savona a tourné une petite vingtaine de films entre 1954 et 1976. Il aura signé plusieurs autres westerns : EL ROJO (1966), DIEU PARDONNE À MON PISTOLET (1969), UN HOMME NOMMÉ APOCALYPSE JOE (1970), et DÉPOSEZ LES COLTS (1972), tous sortis en salles françaises à l’époque.

KILLER KID est sorti en salle en France le 13/8/1969. Il est ressorti en vidéo au milieu des années ’80, mutilé par le pan & scan. En 2013, l’édition dvd d’Artus, au format, en VF et VO, lui offre enfin une nouvelle jeunesse. Enfin, notons qu’on lui connait aussi une déclinaison en roman photo, retitrée en « Je suis un tueur ».

En conclusion, à quelques petites scories près, KILLER KID se situe dans le haut du panier du très riche western transalpin et réjouira tous les amateurs du genre.


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare


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