retrospective

Kommando Leopard

Au milieu des années ’80, l’heure est grave dans le cinéma de genre, lequel se fait volontiers militariste et guerrier pour refléter les peurs engendrées par l’opposition entre les blocs de l’Est et de l’Ouest. RAMBO 2, L’AUBE ROUGE, PORTES DISPARUS et quelques autres attirent les foules dans les salles et les Italiens, comme souvent, suivent le mouvement. Le vétéran Antonio Margheriti et le producteur Erwin C. Dietrich (LE SEXE AU VENTRE, DES FEMMES POUR LE BLOC 9 mais aussi LES OIES SAUVAGES) se lancent donc dans la danse avec une trilogie guerrière mettant en vedette Lewis Collins.

Un premier métrage au titre référentiel, NOM DE CODE : OIES SAUVAGES, remporte un franc succès en partie grâce à son casting classieux de « trognes » comme on les aime dans le bis (Lee Van Cleef, Ernest Borgnine et Klaus Kinski). Le dynamique duo décide donc de récidiver et, après ce KOMMANDO LEOPARD où subsiste Kinski, le cinéaste (en fin de carrière) retrouve Van Cleef pour LE TRIANGLE DE LA PEUR. Trois productions énergiques typiques de leur époque qui misent tout sur une poignée de séquences spectaculaires afin de maintenir l’attention du spectateur.

L’intrigue de KOMMANDO LEOPARD se veut simple, pour ne pas dire manichéenne : d’un côté une bande de révolutionnaires menés par une femme, Maria (Christina Donadio), et le capitaine Carasco (Lewis Collins), de l’autre un infâme dictateur sud-américain, Homoza (Subas Herrero) qui impose ses vues sur un pays non identifié grâce à ses troupes de choc dirigées par le militaire sadique Silvera (L’inévitable Klaus Kinski). Après l’assaut mené contre un barrage, les guérilleros doivent se cacher et trouvent refuge dans l’église du Père Julio (Manfred Lehmann) dont le pacifisme sera mis à rude épreuve suite aux exactions des hommes de Silvera.

Motivé, Margheriti ne fait pas dans la dentelle et joue la carte du sérieux pour dépeindre les horreurs de la guerre et la nécessité de défendre ses idées et la liberté jusqu’au sacrifice accepté. Ces passages dialogués, plaisants mais parfois redondants, ralentissent un brin le rythme sinon nerveux, le cinéaste prenant soin d’offrir un morceau de bravoure toutes les vingt minutes. Comme la plupart de ses collègues, Margheriti privilégie donc l’action à la réflexion et emballe des scènes solides qui ne lésinent pas sur les fusillades, les explosions et les éclaboussures sanglantes.

Retrouvant ses racines, le cinéaste multiplie les passages mouvementés réalisés à l’aide de modèles réduits, certes perceptibles mais plutôt soignés. Destruction d’un barrage et inondation, attaque d’hélicoptères, attentat à l’encontre d’un avion de ligne, assaut contre un train…Margheriti, associé à son fils Edoardo (responsable des effets spéciaux) donne au spectateur sa ration de destructions massives sans oublier des fusillades nourries et des combats au lance-flamme. Le film était, à l’époque, le plus gros budget de l’histoire du cinéma suisse (15 millions de francs suisses) et une bonne partie de cette somme fut allouée aux maquettes et autres effets, ce qui explique leur réussite.

Bref, bercé par une musique un brin datée mais sympathique (sous l’identité de l’inconnu Goran Kuzminac se cacherait en réalité rien moins qu’Ennio Morricone en personne), KOMMANDO LEOPARD demeure une agréable curiosité qui saura divertir les nostalgiques.

Share via
Copy link