Kovak Box

Un texte signé André Quintaine

Quel plaisir de retrouver Timothy Hutton dans un film fantastique, lui qui s’était avéré passionnant dans le double rôle qu’il jouait dans LA PART DES TENEBRES de George A. Romero (cela ne nous rajeunit pas !).
Dans THE KOVAK BOX, il incarne un célèbre romancier de science-fiction du nom de David Norton. Lui et sa femme sont invités à une conférence sur l’île de Malte. Le soir même, sa femme saute par la fenêtre. Tout le monde pense à un suicide, mais David ne peut pas croire à cette thèse : ils venaient de prendre la décision de se marier ! Le lendemain, à l’aéroport, il rencontre une jeune femme qui s’est également défenestrée. Alors que tout le monde croit qu’elle a tenté de mettre fin à ses jours, elle affirme être en réalité en danger de mort : on veut la tuer ! Ensemble, ils vont démanteler une terrible machination…
Difficile d’évoquer les points forts de THE KOVAK BOX sans dévoiler les éléments de ladite machination. Cela nuirait à votre plaisir ! Néanmoins, notez que cette histoire d’anticipation ressemble beaucoup à celle du SEVEN de David Fincher. Vous y rencontrerez le même machiavélisme, avec une finalité fort similaire.
Là où le film de Fincher s’interrogeait sur les limites de la manipulation, celui de Daniel Monzon pose la question de savoir qui, des scientifiques ou des romanciers de SF, crée l’avenir. Sont-ce les romanciers qui extrapolent d’après les avancées actuelles ou les scientifiques qui créent le progrès en s’inspirant de la lecture de romans ? Dans ce dernier cas, n’est-il alors pas dangereux de laisser les écrivains imaginer les pires scénarios… ? Et si les scientifiques s’inspiraient des cauchemars des romanciers… ?
C’est un peu le chat qui se mord la queue, et trouver une réponse revient à savoir qui de la poule ou de l’œuf était là en premier. Quoi qu’il en soit, THE KOVAK BOX s’interroge tout du long d’une intrigue savamment distillée. Les artifices du genre sont parfaitement employés pour empêcher toute longueur durant le métrage. L’enquête à laquelle se livre notre romancier et sa charmante compagne est tout à fait palpitante.
Pendant qu’on en est à évoquer nos deux héros, il faut saluer leurs personnalités, pour une fois tout à fait respectées dans un film. Si David Norton est un personnage cultivé, sa compagne d’infortune, elle, est issue d’un milieu populaire. Lucía Jiménez incarne avec réalisme les traits de caractère de son personnage et nous propose une héroïne à notre image, proche de nous – un peu comme le héros réparateur d’ascenseurs de L’ASCENCEUR de Dick Maas. Plus loin, elle symbolise également le peuple, manipulé par des couches sociales plus aisées comme les scientifiques et les intellectuels… Mais bon, ça, c’est expliqué de manière plus probante dans THE KOVAK BOX, que vous ne manquerez pas de regarder.