Krabat

Un texte signé André Quintaine

Allemagne - 2008 - Marco Kreuzpaintner
Interprètes : David Kross, Daniel Brühl, Christian Redl, Robert Stadlober, Paula Kalenberg

KRABAT est l’adaptation cinématographique d’un livre pour enfants écrit en 1971 par Otfried Preußler, un auteur très populaire outre Rhin mais qui semble ne jamais avoir été traduit en France.
KRABAT se déroule après la guerre qui secoua le nord de l’Europe entre 1700 et 1721.
Comme nous l’explique une voix Off en début de film, il ne faisait pas bon vivre à cette époque là.
Krabat est un jeune homme de 15 ou 16 ans. Ses parents sont morts et il vit de mendicité avec deux amis. Une nuit, il se réveille soudainement. Une voix l’appelle. Il quitte alors ses amis et suit un chemin qui l’amène à un moulin. Là, il fait la connaissance du propriétaire des lieux. C’est le Maître. La Maître protège sous son aile une douzaine de jeunes apprentis qui travaillent durement au moulin. Krabat accepte de devenir un apprenti mais il ne sait pas encore ce que le Maître enseigne exactement.
La nuit de Pâques, une étrange cérémonie a lieu. Les apprentis quittent le moulin deux par deux pour passer la nuit à la belle étoile, « dans un endroit où des personnes sont mortes brutalement ». Au coin du feu, Tonda va faire vivre à Krabat une étrange expérience …

Le cinéma allemand est de plus en plus populaire à l’étranger. Il sait se vendre. Ce sont majoritairement des œuvres d’action et d’aventure qui trouvent des débouchés mais il s’agit également et principalement de téléfilms.
KRABAT est plus ambitieux. Film pour le cinéma, ses objectifs qualitatifs sont en conséquence.
Le Moyen-Âge, quant à lui, est à la mode en ce moment. En quête de réhabilitation, il est régulièrement mis en scène dans des spectacles qui font la joie des petits et des grands. KRABAT sait magnifiquement faire revivre cette époque à l’écran. Les costumes, les maquillages mais surtout le moulin, sont splendides. Le film est un régal pour les yeux ; c’est peu de le dire.
Filmé dans les Alpes allemandes, KRABAT bénéficie de superbes décors naturels largement exploités par le directeur de la photographie. A cela, il faut ajouter le moulin, œuvre impressionnante, qui agit dans le film comme une énorme machine à la fois protectrice et mystérieuse.
Le moulin offre à tous les enfants un gîte, un couvert, une famille, un métier. Mais en même temps, il abrite un lourd et inquiétant secret.
Parmi les plus belles mises en images du moulin, citons celles se déroulant durant l’hiver. L’eau glacée a entravé les roues qui ne peuvent plus tourner. Les apprentis doivent alors casser la glace pour permettre au moulin de continuer sa fonction.
Si KRABAT est magnifique visuellement, il n’en est pas pour autant contemplatif. L’histoire qui s’étire sur près de deux heures de métrage n’est, par exemple, jamais ennuyeuse. Non seulement le film est un émerveillement de chaque instant pour les yeux, mais en plus, l’histoire s’avère intéressante et même plutôt originale.
Au centre du récit se trouve la magie noire. Elle a rarement été traitée de cette manière au cinéma, tel un véritable conte. Car c’est véritablement un conte qui nous est présenté ici; plutôt cruel d’ailleurs.
KRABAT n’est cependant pas exempt de défauts. A la vision de ce film aux ambitions internationales, on ne peut s’empêcher de vouloir le comparer au cinéma français. Ainsi, Il semble évident que les techniciens allemands ne bénéficient pas du même professionnalisme que ceux de chez nous.
Les acteurs, au demeurant tous excellents, ne sont pas toujours mis en valeur. Quant à la seule scène d’action du film, elle fait preuve de puérilité car elle joue excessivement sur des ralentis suivis d’accélérations.
Quoi qu’il en soit, KRABAT reste un film respectable. C’est d’abord un film allemand, tourné en allemand et pas en anglais. C’est aussi un film européen car malgré la lamentable scène d’action, le reste du métrage ne fait aucune concession au cinéma-spectacle anglo-saxon. Pour ces raisons, KRABAT devrait pouvoir sans peine réunir des publics différents qui y trouveront de quoi se divertir occasionnellement.
Terminons en rappelant que dans KRABAT, on retrouve dans le rôle de Tonda qui est l’ami de Krabat et accessoirement son faire-valoir, Daniel Brühl que les amateurs de cinéma Mainstream on pu voir dans THE BOURNE ULTIMATUM et tout dernièrement dans INGLORIOUS BASTERDS de Quentin Tarantino.
Plus fade est David Kross, le héros Krabat dont le jeu n’est pas toujours au diapason.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks


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