Kung Fu Academy
Acteur et réalisateur chevronné ayant débuté sa carrière à la toute fin des seventies, Joe Cheung Tung Cho a signé seize long-métrages avant ce KUNG FU ACADEMY. Nous retiendrons particulièrement le polar FLAMING BROTHERS et le sympathique LES DEUX FRERES JUSTICIERS, une très honnête kung-fu comedy de la grande époque. Pour son retour à la mise en scène après une absence de treize ans, Joe Cheung choisit d’ailleurs de renouer avec ce sous-genre populaire à Hong-Kong et raconte la vie de Yim Wing Chun, fondatrice légendaire du style martial Wing Chun, qu’elle aurait développé après la destruction du Monastère de Shaolin du Sud par les Qing au XVIIème siècle.
Fortement romancée, l’intrigue historique sert surtout de prétexte à de nombreux combats bien chorégraphiés entrecoupés de plaisantes scènes humoristiques. Une approche similaire à celle qu’avait choisie Yuen Woo-Ping en 1994 avec WING CHUN, lequel donnait la vedette à Michelle Yeoh. Pour cette relecture plus actuelle, Joe Cheung offre le rôle principal à la quasi débutante Jing Bai, âgée de 26 ans, laquelle sera malheureusement assassinée par son mari en février 2012. A ses côtés, nous retrouvons Kara Hui, que l’on vit dans pratiquement tous les films martiaux de la Shaw Brothers tournés entre 1977 et la fermeture des studios et Collin Chou, que les Occidentaux connaissent essentiellement pour son rôle dans MATRIX RELOADED et MATRIX REVOLUTION.
L’intrigue, linéaire, suit les pas de l’abbesse Ng Mui, laquelle échappe à la destruction de Shaolin avec quatre autres maitres martiaux. Traquée, Ng Mui se réfugie dans une petite ville de province et enseigne ensuite son art à sa disciple, Wing Chun. Cette dernière, une jeune femme qui vit modestement en vendant du tofu, éprouve bien des difficultés puisqu’un petit caïd local a décidé de l’épouser contre sa volonté. La seule solution de Wing Chun pour repousser cet entreprenant prétendant est de le vaincre dans un duel martial.
Résolument classique, voir nostalgique, KUNG FU ACADEMY ressuscite les grandes heures de la comédie kung-fu avec tout ce que cela implique de combats énergiques, de gags parfois bien lourds et de sous-entendus sexuels voulus humoristiques. Seule concession du cinéaste à la modernité, les câbles sont, bien sûr, mis à contribution pour rendre les affrontements plus aériens et palpitants mais, heureusement, cette façon de procéder parfois envahissante reste ici utilisée avec parcimonie et ne gâche point les combats.
En dépit d’une durée conséquente (près de deux heures), KUNG FU ACADEMY garde un rythme enlevé et mixe adroitement action, humour et romance pour un résultat sympathique qui atteint son but : divertir le spectateur.
Produit par le mythique studio Seasonal de Ng See Yuen (responsable de moult kung fu enthousiasmants depuis le début des années ’70 et découvreur de talents aussi divers que Jackie Chan, Hwang Jang Lee, Jean-Claude Van Damme, Tsui Hark ou Yuen Woo-Ping), KUNG FU ACADEMY souffre d’un titre français particulièrement stupide et trompeur mais saura satisfaire les amateurs de kung-fu comedy à défaut de totalement les combler. Une découverte honnête dans un genre qui en compte peu depuis la fin de son « âge d’or ».
