retrospective

La Bimba di Satana

Mario Bianchi, c’est un peu le frère d’arme de Joe d’Amato: même début de carrière dans le western transalpin fauché, même quart d’heure de gloriole dans l’horreur à deux centimes, même reconversion forcée dans le porno dans les années ‘90, même pléthore de pseudonymes américanisants… et même absence de talent, difficilement masquée par une évidente fringale à tourner sans arrêt tout et n’importe quoi. En effet, depuis 1972, où les carrières de ces deux réalisateurs prennent leur envol, on compte pas moins de 70 métrages pour Bianchi et près de 200 pour d’Amato.

La Bimba di Satana 02

Les vétérans de l’âge d’or des cassettes vidéo auront parfois croisé l’un ou l’autre méfait de Mario Bianchi, mais le bonhomme n’aura pas vraiment réussi à s’incruster en France sur le marché du DVD (en dehors sans doute de ses pornos, genre qui ne connait plus depuis longtemps que le support vidéo pour sa diffusion). Le quidam distrait pourrait même confondre Mario avec son homonyme Andréa Bianchi, autre tâcheron stackanoviste.

Pour compléter la biographie de la famille Bianchi, rappelons que Mario est le fils de Roberto Bianchi (1907-1986), autre “bissart” italien dont la carrière a traversé tous les genres en vogue depuis les années ’40, avec en fin de course une propension marquée pour le film érotique. La marque de fabrique quand on s’appelle Bianchi, à ce qu’il semble !

Or donc, en 1982, Mario nous emballe vite fait-mal fait un LA BIMBA DI SATANA.

La Bimba di Satana 01

Dans un château, une veillée funéraire. Maria (Jacqueline Dupré) est décédée de façon mystérieuse, abandonnant son mari Antonio, sa fille Myra, également interprétée par Jacqueline Dupré (notez aussi la proximité sémantique des deux prénoms), et Ignazio, le frère du premier, cloué dans une chaise roulante. Cette phrase, simple à écrire, prend une autre valeur quand on sait que, faute de scène d’exposition correcte, il faut parfois attendre les deux tiers du film pour comprendre le lien familial entre certains personnages. D’autres de ces liens nous resteront d’ailleurs de parfaits mystères. Ainsi d’Isidro ou encore de Sol, laquelle est soit une infirmière soit une nonne.

On ne sait trop si ces deux personnages sont des membres de la famille ou non. L’ensemble est donc des plus confus. La malédiction qui accompagne forcément toute famille vivant dans un château va s’abattre et décimer tout ce petit monde. Et le mode automatique de s’enclencher: un meurtre, une scène de seins nus, un meurtre, un déshabillage gratuit, un meutre, etc. Le tout est dénué de la moindre tension dramatique (ou érotique). Film d’horreur oblige, on convoque les lieux communs du gothique classique: le château, les funérailles, les souterrains, la crypte, la messe noire, la possession.

La Bimba di Satana 03

A vrai dire, on les exhume plus qu’on ne les convoque, tant cette grammaire de l’horreur est désuète en 1982. A peine esquissées, les pistes scénaristiques sont immédiatement abandonnées. Ne citons que l’exemple d’Antonio qui se drogue au début du film, élément inutile et qui ne sera jamais réutilisé par la suite dans la progression narrative.

Au générique, on retrouve l’acteur espagnol Aldo Sambrell, qui a dû tourner dans au moins la moitié des westerns italiens made in Almeria (dont la plupart des Sergio Leone, ou il n’avait que de minuscules apparitions), et qui depuis traine ses guêtres entre cinéma B (parfois) et Z (souvent). Parmi les autres habituées du cinéma qui nous occupe ici, on retrouve Mariangela Giordano, que vous avez dû voir dans des dizaine de bisseries italiennes, ainsi que la suédoise Marina Hedman, que vous avez dû voir (bis) dans des dizaines de productions érotiques … ou franchement pornographiques.

Dans LA BIMBA DI SATANA, la vacuité de l’ensemble pousse les acteurs à surjouer. Certains n’en demandaient pas tant et cabotinent à outrance. Le film est de surcroît plombé par LE défaut majeur des mauvais cinéastes: l’excès de dialogue. Les scènes sont trop longues et trop lentes, les effets spéciaux rares et de qualité discutables. La révélation finale achève le dernier spectateur. Rideau.

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