La cellule de Fermat

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Espagne - 2007 - Luis Piedrahita, Rodrigo Sopeña
Titres alternatifs : La habitación de Fermat
Interprètes : Alejo Sauras, Elena Ballesteros, Federico Luppi

Petite production passée relativement inaperçue mais ayant gagné un statut enviable au fil des années, LA CELLULE DE FERMAT constitue un honnête thriller que l’on aurait tort de simplement assimilé à un énième ersatz de CUBE ou SAW.

L’intrigue traite de mathématiciens invités, après avoir passé une épreuve de logique, à passer un week-end dans une maison isolée. Nos quatre experts (dont une demoiselle) ne se connaissent pas et reçoivent chacun un pseudonyme référentiel (Hilbert, Pascal, Galois et Olivia). Sur place ils sont accueillis par leur hôte, surnommé Fermat, qui leur promet une énigme scientifique à la mesure de leur génie. Cependant, après le repas, Fermat reçoit un appel d’un hôpital situé à une heure de route : sa fille, dans le coma suite à un accident de voiture, va soudain plus mal. Fermat s’excuse et part à son chevet, promettant de revenir le plus rapidement possible. Les quatre mathématiciens constatent alors qu’ils sont piégés dans la maison : des énigmes leur sont expédiées par téléphone portable et, s’ils échouent à les résoudre, les murs de la pièce, actionnés par d’énormes presses hydrauliques Poséidon, se rapprocheront peu à peu jusqu’à les écraser ! Pour nos prisonniers le seul coupable possible est Fermat. Mais quels sont ses motivations ?

Avec une belle économie de moyens, les deux scénaristes et cinéastes livrent ici un huis-clos angoissant confectionné à la manière d’un puzzle et scandé par les différentes énigmes que doivent déchiffrer nos mathématiciens. Si la référence à CUBE parait, dès lors, inévitable, Luis Piedrahita et Rodrigo Sopeña se confinent néanmoins au thriller et ne partent pas dans les envolées science-fictionnelles chères à Vincent Natali.
Les énigmes successives confèrent par conséquent le rythme du métrage mais aucune morts spectaculaires ne vient ponctuer un récit bien moins porté sur l’épouvante que SAW et consorts, autres références souvent avancées mais dont les similitudes avec LA CELLULE DE FERMAT restent pourtant minimes.

Les révélations en cascade du dernier acte sont, en tout cas, adroitement amenées et les retournements de situation joliment négociés afin de maintenir l’intérêt et le suspense jusqu’à la conclusion. Si certaines réactions des protagonistes semblent aberrantes ou peu crédibles (certains se connaissent et refusent d’abord de l’avouer, les puzzles mathématiques proposés ne sont pas toujours neufs et ne devraient guère poser problème à de tels génies,…) le stress permanent causé par les « murs mouvants » suffit à faire oublier, du moins durant le temps de projection, ces entorses à la vraisemblance. En dépit du lieu confiné, la caméra participe activement à la mise en place de cette tension par un choix de cadrage approprié qui privilégie les plans étouffants.

Basé sur le dialogue, la manipulation et l’ambiance claustrophobe dégagée par cette pièce dont les murs semblent dotés d’une vie propre, LA CELLULE DE FERMAT se révèle rudement efficace et sa courte durée permet de maintenir le spectateur attentif sans le moindre temps mort. Une plaisante surprise.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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