La Chienne de l’ombre

Un texte signé Yannik Vanesse

Le Royaume des Faës est peuplé de non-humains. Des banshees, des fées et d’autres créatures y résident, partagés en deux peuples, en guerre depuis des temps immémoriaux. Les deux sœurs du roi noir vont avoir un rôle particulier à jouer, l’une en découvrant sa puissance magique, grâce à un Seigneur Dragon fou et rancunier, et l’autre en devenant une tueuse sans merci, et l’âme damnée de la première. Elle sera surnommée la chienne de l’ombre

Manon Elisabeth d’Ombremont est une jeune auteure liégeoise qui, avec ce livre, premier tome d’une trilogie, veut s’inspirer de l’heroïc fantasy et des créatures féeriques, pour écrire une histoire sombre pleine de sang et de violence. Elle a d’ailleurs la bonne idée de mettre un court lexique en début d’ouvrage, qui évite les confusions. En effet, l’amateur d’êtres féeriques et de légendes pourrait être perdu s’il ne savait pas que les banshees de LA CHIENNE DE L’OMBRE n’ont rien à voir avec les banshees des contes. Il s’agit du premier livre de l’auteure, publié aux Editions Lancelot.

Découvrir un nouvel auteur de fantasy est toujours intimidant, tant il est facile, à l’heure actuelle, de trouver des récits pour jeunes adultes, des quêtes initiatiques d’adolescents traversant un monde plutôt caricatural et défaisant tous les dangers. Manon Elisabeth d’Ombremont évite cet écueil avec une histoire diablement sombre, certes plutôt classique dans son récit et son déroulement, mais qu’une plume fluide et agréable rend plaisante à suivre.
En effet, l’histoire est plutôt prévisible. Un roi cruel, une guerre larvée entre deux contrées, deux personnages découvrant au fur et à mesure leurs pouvoirs et prenant le contrôle du monde, une entité aussi puissante qu’aliénée tirant les ficelles, les ingrédients ne sont pas nouveaux, tout comme leur manière de se développer.
De même, les personnages sont quelques peu archétypaux. La première sœur est faible mais deviendra forte, la seconde (la Chienne de l’ombre) désire par-dessus tout devenir une combattante puissante (allant jusqu’à renier ses pouvoirs magiques) et va devoir le prouver à tout le monde (y compris à elle-même). Et surtout, le Seigneur Dragon, dont la folie est assez caricaturale (et, quand la Chienne de l’ombre le rencontre pour la première fois, il est difficile de ne pas penser à la découverte du chevalier du cancer et son mur d’âmes, dans « Les chevaliers du zodiaque »).
Bien entendu, il convient de mitiger ses appréciations, l’auteure en étant au début de sa carrière. Même si elle ne tord pas vraiment les codes de la fantasy, elle parvient à les utiliser de manière agréable et, son roman étant assez court, elle évite l’ennui et les dialogues trop longs. Et elle déploie son récit avec une plume plaisante, les mots coulant agréablement. Elle utilise un vocabulaire recherché, mais sans aller trop loin, évitant un autre des écueil des auteurs récents, qui est de simplifier toujours plus les descriptions ou les mots utilisés. La langue française est riche, et l’auteure le sait, tout en restant dans une norme qui permettra de ne pas rebuter certains lecteurs.
De plus, elle magnifie son récit grâce à une obscurité de tout instant. Ses personnages étant puissants et sachant se régénérer, c’est l’occasion pour elle de les faire saigner abondamment, de briser leurs os, et chaque combat est ainsi outrageusement violent et sanglant, gore même, la plupart des personnages étant d’une grande cruauté. Ainsi, le lecteur voit des meurtres, des séquences de tortures outrancières, ou même un viol (qui est l’occasion de découvrir une des quelques coquilles du livre, l’héroïne serrant les points au lieu des poings pendant l’acte) ou quelques séquences légèrement érotiques.
Et c’est presque avec surprise que le lecteur découvre qu’il continue à lire, page après page, saisi par l’alchimie intéressante mise en place par Manon Elisabeth d’Ombremont avec LA CHIENNE DE L’OMBRE. Au final, ce n’est pas forcément un livre inoubliable qu’il a entre les mains, mais une jolie découverte permettant de passer un très bon moment, et qui donne envie de découvrir la suite de cette trilogie d’une part, mais aussi la suite de la carrière de l’auteure.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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