La Création

Un texte signé Yannik VANESSE

Italie - 2007 - Bruno Matei
Titres alternatifs : Zombie The Beginning
Interprètes : Jim Gaines, Yvette Yzon, Alvin Anson

Sharon, dernière survivante de l’équipage ayant affronté les zombis de ISLAND OF THE LIVING DEAD, est récupérée au milieu de l’océan par un hélicoptère. Après une convalescence hantée par d’effroyables cauchemars, elle peine à faire comprendre aux dirigeants de la Tyler Corporation le danger que représentent les conquistadors zombis de cette étrange île… Devant leur incrédulité, elle se retranche dans un temple bouddhiste, jusqu’à ce que la Compagnie vienne la chercher pour qu’elle prenne part à une expédition. En effet, l’île a été retrouvée et les zombis déplacés en un autre lieu pour être étudiés. Or, les communications avec le centre scientifique sont à présent coupées. Sharon se joint donc à un groupe de militaires dont la mission est de comprendre ce qu’il s’est passé.

Derrière le nom de Vincent Dawn se cache en fait Bruno Matei ! Ce réalisateur, bien connu des amateurs de bisserie italienne, œuvre depuis plus de vingt ans dans les tréfonds de la série Z. Durant les années 80, l’Italie s’était spécialisée dans le repompage des grands succès hollywoodiens. Cependant, contrairement à ses compatriotes, Bruno Matei ne s’arrêta jamais, réalisant jusqu’à sa mort des mauvais films plein de zombis, de prisons de femmes et autres. Certains réalisateurs ont un talent tel qu’ils peuvent créer d’excellents films, peu importe le sujet. Bruno Matei, lui, possède une sorte d’anti-talent qui lui permet de « magnifier » tout ce qu’il touche grâce à sa manière toute particulière de faire un film. Néanmoins, il s’agit d’un cinéaste toujours généreux et sincère dans sa démarche.

Ce ZOMBIE THE BEGINNING est ainsi la version de Bruno Matei d’ALIENS LE RETOUR, les zombis faisant office de monstres. Cependant, remplacer James Cameron par notre maître du cinéma d’exploitation italien donne forcément un résultat… Particulier. Car si Bruno Matei y croit, s’il n’y a aucun second degré volontaire, il s’agit tout de même d’un film assez hallucinant ! Ne serait-ce que le jeu d’acteur, aberrant, qui décrédibilise toute scène un tant soit peu dramatique – une constante chez ce réalisateur, qui d’ailleurs réutilise de film en film les mêmes personnes. Ainsi, des zombis comme soldats n’ont absolument aucune chance de convaincre qui que ce soit – sans parler de l’actrice principale. A cela s’ajoutent les habituels stock shots du réalisateur, que ce soient des images du film précédent pour matérialiser les cauchemars de Sharon ou encore une scène de sous-marin, tellement mal insérées que ce n’est même pas un jeu de les rechercher.
Comme tout repompage d’un classique, le film nous offre donc des scènes presque recopiées à l’identique, avec des zombis. Sauf que, s’il y avait une certaine logique à faire des expériences en mettant des aliens dans le corps d’êtres humains pour les étudier, faire de même avec des morts-vivants est d’un intérêt plus discutable. Et le van classieux des spaces marines devient une toute petite camionnette d’où l’on verra jaillir bien plus de soldats qu’elle ne pourrait en contenir – effet garanti – et équipée d’écrans de contrôle semblant diffuser directement des images du film tant ce qu’elles montrent et l’angle utilisé n’ont aucune logique. Nous retrouvons également des traits scénaristiques connus telles l’attaque de l’héroïne dans le laboratoire manigancée par le scientifique véreux ou la découverte de la mère des monstres. Mais à travers ces éléments passés à la moulinette Matei, nous découvrons des scènes assez hallucinantes, tout aussi drôles que gores – car le film est très généreux en la matière. Cependant, le plus irrésistible reste cette propension qu’ont les zombis à surgir de manière incohérente… Ils n’attendent pas les héros au coin d’un mur ou derrière une porte, non, ils jaillissent de nulle part au milieu d’un entrepôt vide, comme s’ils étaient invisibles tant que la caméra ne les dévoile pas. L’effet produit est aussi surréaliste qu’hilarant.
ZOMBIE THE BEGINNING est donc un mauvais film, c’est vrai. Mais un mauvais film passionnant et dénué d’ennui tant il est bien fait. Un mauvais film magnifique, en somme !


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- Article rédigé par : Yannik VANESSE

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