La fiancée du vampire

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1970 - Dan Curtis
Titres alternatifs : House of Dark Shadows
Interprètes : Jonathan Frid, Grayson Hall, Nancy Barrett, John Karlen, Thayer David, Barbara Cason, Joan Bennett

Collinsport, petit hameau situé dans l’état du Maine, doit son nom à la dynastie des Collins, une riche famille originaire d’Angleterre ayant émigré aux Etats-Unis à la fin du XVIIème siècle. Bien des années plus tard, en 1970, les Collins mènent une existence paisible dans le château familial, jusqu’au jour où Willie Loomis (l’homme à tout faire de la famille) commet l’irréparable. Persuadé de l’existence d’un trésor caché dans le domaine, Loomis découvre un passage secret conduisant dans une crypte. C’est ici que, presque deux siècles auparavant, Barnabas Collins fut enfermé de son vivant dans un cercueil. Victime d’une malédiction qui l’avait transformé en vampire, et involontairement responsable de la mort de sa fiancée Josette Dupré, Barnabas fut ainsi condamné à ce funeste sort par les propres membres de sa famille.
Barnabas Collins, après avoir pris le contrôle de Loomis, commence alors à assouvir sa soif de sang dans les alentours avant de se présenter auprès des « siens », se faisant passer pour un cousin d’Angleterre. Les Collins lui offrent l’hospitalité dans un pavillon jouxtant le château. Lors d’une soirée, le vampire fait la connaissance de Maggie Evans, la gouvernante, qui est le sosie de Josette Dupré. Barnabas en tombe immédiatement amoureux…
HOUSE OF DARK SHADOWS est tiré de la série DARK SHADOWS créée par le même Dan Curtis. Ce soap opera fut diffusé sur la chaîne ABC de juin 1966 à avril 1971, totalisant la bagatelle somme de 1225 épisodes ! Il est à noter que cette série fantastique n’était pas focalisée (comme le film) sur une histoire de vampires, mais abordait à peu près tous les genres en rapport avec le surnaturel : la sorcellerie, la lycanthropie, les zombies, les expériences scientifiques dans l’esprit de Frankenstein, et même le voyage dans le temps ainsi que les univers parallèles.
DARK SHADOWS connut un vif succès à son époque, tant et si bien qu’une nouvelle série vit le jour en 1991, beaucoup plus courte cette fois (seulement douze épisodes), toujours sous le même titre (traduit en France par LA MALEDICTION DE COLLINWOOD). Plus anecdotique, ce remake présentait néanmoins la particularité de présenter au sein de son casting quelques acteurs prestigieux, parmi lesquels Barbara Steele et Roy Thinnes.
Pas étonnant, donc, au vu de sa popularité et de sa longévité, que cette série ait tapé dans l’œil de Tim Burton, qui réalise à son tour un DARK SHADOWS en 2012 avec Michelle Pfeiffer et Johnny Depp dans le rôle de Barnabas Collins.
Pour en revenir à HOUSE OF DARK SHADOWS, on peut se demander comment Dan Curtis a pu être en mesure de synthétiser le script à partir d’un matériau conséquent, à savoir des dizaines d’heures de pellicule, puisque le personnage de Barnabas Collins apparaît dans 595 épisodes de la série ! Il y est pourtant parvenu, même si le premier quart d’heure de son long métrage est plutôt déroutant pour le spectateur, voyant défiler toute une galerie de personnages qui, la plupart du temps, ne sont pas identifiés. Les ellipses paraissent nombreuses, également, notamment en ce qui concerne l’échelle du temps. On a donc le sentiment d’avoir pris le film en cours, d’une certaine manière ; mais passé le cap de cette première partie, on finit pourtant par entrer complètement dans l’histoire.
Producteur et réalisateur, Dan Curtis a essentiellement œuvré pour la télévision, même DRACULA ET SES FEMMES VAMPIRES (avec Jack Palance, en 1974) était une production TV. Pour le cinéma, le metteur en scène a peu tourné, somme toute, mais son BURNT OFFERINGS (TRAUMA, en France) demeure un classique du film d’horreur. Après HOUSE OF DARK SHADOWS, distribué chez nous sous le titre La FIANCEE DU VAMPIRE, Dan Curtis tourne une fausse suite l’année suivante intitulée NIGHT OF DARK SHADOWS. Bien qu’intégrant le même décor et une bonne partie des acteurs du précédent opus, les personnages ne sont pas les mêmes. Il est cette fois question d’une autre famille Collins, sans rapport avec celle de la série et du premier film, venant habiter une demeure hantée par les esprits et fantômes de leurs ancêtres qui étaient des sorciers.
HOUSE OF DARK SHADOWS est quant à elle une histoire de vampires typique, avec une trame relativement classique empruntée comme souvent au « Dracula » de Bram Stoker, puisqu’il est question d’un vampire convoitant une femme qui ressemble étrangement à son ancien amour. De même, le personnage de Loomis, âme damnée de Barnabas, présente bien des similitudes avec le Renfield de « Dracula ». Le film, d’une manière générale, est assez peu rythmé et verse rarement dans le gore. On peut relever toutefois quelques passages marquants, comme ces policiers brandissant des crucifix à l’encontre d’une femme vampire, et un final particulièrement bien enlevé. Enfin, la photographie est tout simplement magnifique, notamment lors des scènes nocturnes.
En ce qui concerne le casting, pas de grands noms à signaler, mais des acteurs néanmoins familiers, la plupart d’entre eux ayant figuré dans quelques longs métrages incontournables du cinéma fantastique. C’est le cas de Jonathan Frid, marqué à jamais par son rôle de Barnabas, mais qui présente la particularité d’avoir été la vedette du premier long métrage d’Oliver Stone, l’étrange SEIZURE, LA REINE DU MAL, en 1974. Quant à John Karlen (Loomis), on a pu le voir dans LES LEVRES ROUGES de Harry Kümel, dans lequel il tenait également le premier rôle masculin. Citons également les présences de Joan Bennett (SUSPIRIA), Barbara Cason (LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL) et Roger Davis (RUBY). Enfin, incarnant le Van Helsing local, on retiendra la prestation remarquable de l’imposant Thayer David, acteur brillant que l’on a pu voir dans le VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Henry Levin, ainsi que dans LE LOUP-GAROU DE WASHINGTON.
Bien qu’il ne soit guère spectaculaire au niveau de l’action, HOUSE OF DARK SHADOWS présente cependant suffisamment d’atouts pour attirer un public fan d’horreur gothique.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

Share via
Copy link