retrospective

La flic chez les poulets

Pionnier de la comédie sexy italienne avec LA PROF et ses suites dans lesquelles Edwige Fenech se dénudait déjà, Michele Massimo Tarantini persiste et signe dans les uniformes avec LA FLIC CHEZ LES POULETS, premier segment d’une trilogie qui sera complétée par LA FLIC A LA BRIGADE DES MŒURS en 1978 et LA FLIC A NEW YORK en 1981.
La jeune Gianna, fille d’un concierge et fan de romans policiers, rêve de porter l’uniforme. Malheureusement pour elle, elle n’est ni cultivée, ni très intelligente. Mais grâce à l’intervention d’un voisin, Gianna est acceptée et, malgré ses bourdes récurrentes à l’école de Police, parvient finalement à intégrer l’institution. Pour sa première affaire, elle va devoir retrouver une jeune mère célibataire, prostituée occasionnelle, qui a totalement disparue de la circulation en laissant sont petit garçon dans un couvent.
Disons-le tout net : le principal intérêt de ce film réside dans le charme de son interprète principale. Consciente de son sex-appeal, Edwige Fenech compose un personnage drôle, touchant et surtout incroyablement sexy. Jouant de son regard et de ses interminables jambes, elle impose d’emblée sa frêle silhouette dans cet univers masculin et machiste. Assumant le fétichisme du réalisateur pour les uniformes, Edwige Fenech transcende sa fonction de mannequin pour ne faire plus qu’un avec sa tenue. En se dénudant à intervalles réguliers, elle apporte ce supplément visuel qui fait les succès de la comédie sexy italienne. Mais lorsque la comédienne n’est pas à l’écran, les choses se gâtent.
Certes, un effort a été fait dans l’écriture de l’intrigue et celle-ci se tient plus ou moins bien jusqu’au bout. A-t-on pour autant envie de la suivre ? Pas vraiment. Son intérêt est très vite émoussé car elle louche ni plus ni moins vers un bon vieil épisode de DERRICK. Heureusement, un certain soin est apporté dans la réalisation et la direction des comédiens qui, pour une fois, ne surjouent pas en totale roue libre. Comme dans toute bonne comédie sexy italienne, les gags se succèdent sur un tempo altier mais demeurent touts plus navrant les uns que les autres, seuls les dialogues frôlant le non-sens britannique parviennent à sauver des situations le plus souvent poussives. En revanche, quelques idées apportent un plus non négligeable au projet. Tout d’abord, un sympathique dessin animé en lieu et place de générique, avec un graphisme rappelant délicieusement celui de la PANTHERE ROSE tout en demeurant sexy et mettant en scène une plantureuse flic. Vient ensuite, au milieu du film, une hilarante séquence d’action parodiant à la fois les kung-fu comédies et les bagarres du duo Terence Hill/Bud Spencer. Assurant le spectacle, Edwige Fenech en fait des tonnes pour le plus grand plaisir de son public. Enfin, le climax du film offre une longue poursuite en voiture qui, si elle n’est pas aussi efficace que dans certains polars transalpins de l’époque (ceux de Sergio Martino notamment, dont Tarantini a été l’assistant) n’en demeure pas moins plaisante. Dommage que celle-ci ne conclue pas le métrage. LA FLIC CHEZ LES POULETS s’achève en effet sur une scène de comédie grotesque et insupportable, à peine ponctuée d’un ou deux gags inspiré du cinéma muet.
Au final et avec le recul, cette comédie sexy est à prendre avec des pincettes et n’est surtout à réserver qu’aux fans purs et durs du genre (qui s’amuseront à retrouver l’inénarrable et clownesque Alvaro Vitali, mais aussi Mario Carotenuto et qui reconnaîtront éventuellement la fameuse chambre de L’INFIRMIERE DE NUIT ici transformée en bureau) ou ceux, peut-être plus nombreux, de la divine Edwige.

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