La Fureur Shaolin

Un texte signé Michaël Guarné

Hong-Kong - 1978 - Chang Cheh
Interprètes : Philip Kwok, Sun Chien, Lu Feng

Un vénal seigneur Qing espère tant bien que mal monter les élèves de l’école Shaolin du Nord contre ceux de l’école Shaolin du Sud. La cour royale voit en effet d’un mauvais œil les compétences exceptionnelles de ces écoles d’arts martiaux favorables au retour des Ming. Pour se faire, le seigneur en question organise avec son bras droit un combat amical entre les deux écoles afin de choisir ceux qui auront l’honneur d’enseigner aux soldats de l’armée Qing. Il en profite pour assassiner trois disciples de l’école sudiste tout en faisant porter le chapeau aux nordistes. Le maître de l’école du sud, ne pouvant laisser ces crimes impunis, envoie ses trois meilleurs combattants accomplir ce qu’il croit être sa vengeance…
Le scénario s’avère plutôt classique, il faut bien l’avouer. Le cahier des charges de tout film estampillé Shaw Brothers est respecté à la lettre. On a donc droit à une rivalité naissante entre deux factions, une vengeance menée à bien via un entraînement à la dure (non sans une certaine touche comique, des héros virils avec l’homosexualité latente propre aux bobines de Chang Cheh)… Bref, le déroulement de l’histoire ne surprendra personne, ce qui ne fait pas foncièrement de LA FUREUR SHAOLIN un mauvais film.
Le jeu d’acteur exagérément naïf mis à part, on se retrouve en réalité avec un métrage qui livre une dose correcte d’affrontements martiaux. Et de ce point de vue là, difficile de faire la fine bouche tant les combats se suivent avec plaisir. La phase d’entraînement des deux personnages représente peut-être le meilleur moment du film tant les épreuves proposées sont prenantes et agréables à suivre. Le montage permet de véritablement prendre conscience des progrès réalisés par les deux protagonistes. On suit par exemple l’un d’entre eux visant à l’aide de son bâton des cibles disposées en hauteur, celles-ci devenant de plus en plus petites avec le temps. La manière dont l’apprentissage est perçu implique un certain dépassement de soi en fait. Preuve en est la séquence de pompes qui revient souvent. Des œufs sont placés sous les paumes du personnage qui doit donc se servir uniquement de ses doigts. S’il casse un œuf, il le mangera quand viendra l’heure du repas. De quoi l’inciter à réussir son exercice s’il ne désire pas manger toujours la même chose…
Ce Chang Cheh demeure donc honnête dans son contenu. Peu avare en combats, il souffre cependant des tares du genre : des dialogues peu naturels, des bruitages beaucoup trop présents et ridicules (la faute en partie à un budget très restreint), une imagerie kitsch à souhait… Ca reste en tout cas une bonne performance martiale de la troupe des Venoms, qui regroupait à l’époque cinq acteurs dont Lu Feng et Philip Kwok. Une belle bande de joyeux lurons qui s’était déjà faite remarquée avec 5 VENINS MORTELS la même année.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Michaël Guarné

- Ses films préférés :

Share via
Copy link