La Lame Infernale

Un texte signé Patryck Ficini

Italie - 1974 - Massimo Dallamano
Titres alternatifs : La Polizia Chiede Aiuto
Interprètes : Giovanna Ralli, Claudio Cassinelli, Mario Adorf, Farley Granger

Une femme juge (Giovanna Ralli) et un policier (Claudio Cassinelli) enquêtent sur le meurtre d’une adolescente. Bien vite, ils remontent la piste d’un réseau de prostitution de mineures. Un tueur se lance aussitôt dans le nettoyage des témoins et l’intimidation des enquêteurs…
Massimo Dallamano, auteur du passionnant MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ? signe ici un impressionnant mélange de polar et de giallo. L’enquête menée par des professionnels est placée sous le signe du réalisme ; la réflexion et les méthodes d’investigation sont ainsi privilégiées. C’est au bout d’une demi-heure qu’un certain délire italien, tout droit sorti des thrillers à la Argento, intervient, avec un assassin muni d’un hachoir de boucher… Motard casqué et vêtu de noir, c’est une silhouette forte qui n’est jamais ridicule malgré son arme digne d’un film gore. Il coupe d’ailleurs la main d’un policier avec ! Ce type de motard assassin se retrouvera dans d’autres films, pas forcément italiens. Le tueur est vite impliqué dans une poursuite avec la police. Correctement réalisée mais souffrant d’un montage mollasson, elle aurait été 10 fois plus efficace avec de la musique en fond sonore. Dommage, car on sait que Stelvio Cipriani excellait en ce domaine, au vu des polars auxquels il a prêté son concours. Sa composition est d’ailleurs une fois de plus réussie.
Les acteurs sont très bons, visiblement concernés par le sujet. Claudio Cassinelli et Giovanna Ralli, pleine de distinction, sont pour une grande part dans l’intérêt que l’on éprouve à suivre leur enquête. Mario Adorf compose un émouvant portrait de flic qui découvre que sa fille fait partie du réseau.
Le scénario est vraiment intéressant, si l’on accepte la dérive grand-guignolesque liée au tueur. L’idée du réseau de prostituées mineures, qui implique des notables, est fort bien développée. On retrouve ce thème et un traitement proche dans le bon A TUTTE LE AUTO DELLA POLIZIA, de Mario Caïano.
L’ambiance du film est franchement glauque. A un moment donné, les policiers réécoutent un grand nombre de fois des enregistrements sonores des gamines avec leurs clients… Un sentiment de dégoût, une vraie nausée, saisissent le spectateur. Encore pire, lorsqu’un flash-back nous montre des pervers droguer des adolescentes pour en abuser sadiquement. Si elle reste peu précise, la scène n’en est pas moins très forte. Le contraste entre le jeune âge des victimes et la gravité des faits est saisissant. La réalisation de Dallamano, comme le scénario, insistent lourdement là-dessus. Sans être subtil, c’est on ne peut plus efficace.
Comme souvent dans les polars de l’époque, la police est bien seule dans sa tâche, peu aidée par une justice trop laxiste. Bien que la présence du juge intègre tempère ici l’idée… Les journalistes visent uniquement le scoop, quitte à verser dans le sordide. Quant aux plus hautes autorités, elles sont corrompues et étouffent l’affaire dès qu’un ministre risque de s’y voir impliqué. LA LAME INFERNALE est tout sauf optimiste. D’autant que les héros, profondément humains, sont loin d’être des super flics à la Maurizio Merli, qui résoudraient tout à coups de flingues.
LA LAME INFERNALE est un excellent film policier, parfois violent, captivant par son atmosphère réaliste et surprenant par sa volonté de mêler deux des genres phares du cinéma italien des années 70.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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