La Maison Près Du Cimetière : la mort à tous les étages

Un texte signé Vincent Trajan

Italie - 1981 - Lucio Fulci
Titres alternatifs : Quella Villa Accanto Al Cimitero
Interprètes : Catriona MacColl, Paolo Malco, Giovanni Frezza, Ania Pieroni, Giovanni Frezza

Après avoir tournée L’Enfer des Zombies (1979), Frayeurs (1980) et L’Au-Delà (1981), le réalisateur italien Lucio Fulci va gagner ses galons de « poète du macabre » en signant La Maison Près Du Cimetière en 1981. Véritable petite pépite du cinéma d’horreur à l’italienne, ce long métrage est considéré par les fans comme l’un des pièces maîtresses de la filmographie du maître. Et force est de constater que ce film renferme à lui seul tout le savoir-faire d’un Fulci, alors au sommet de son art…

La maison de la terreur

1981. Lucio Fulci vient de réaliser un brelan d’as en moins de deux ans avec L’Enfer des Zombies, Frayeurs et L’Au-Delà et s’apprête à sortir La Maison Près Du Cimetière pour enfoncer le clou. Et même si le réalisateur est un habitué du film d’horreur sans concession, ses derniers films laissent entrevoir une narration plus subtile qu’il n’y parait. En effet, si L’Enfer des Zombies était une œuvre particulièrement décérébrée, Frayeurs et L’Au-Delà, les deux premiers longs métrages de sa trilogie de la mort, mettaient en avant des aspects oniriques aux teintes gothiques très marquées. À partir de là, La Maison Près Du Cimetière, l’épilogue de cette trilogie mettant en vedette l’actrice Catriona MacColl va permettre à Fulci d’asseoir sa renommée en reprenant à son compte les mêmes procédés scénaristiques.

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Synopsis

En 1981, Norman Boyle (Paolo Malco), un professeur d’histoire, son épouse Lucy (Catriona MacColl) et leur petit garçon Bob (Giovanni Frezza) s’installent pour 6 mois dans une maison de la Nouvelle-Angleterre près de Boston aux États-Unis pour poursuivre les recherches d’un de ses collègues qui s’est suicidé. Cette étrange demeure près d’un cimetière a appartenu au Dr. Jacob Tess Freudstein, qui était d’ailleurs le sujet d’étude du prédécesseur de Norman avant que ce mette fin à ses jours non sans avoir tuer sa petite-amie auparavant.

Peu avant d’entrer dans la vieille maison, Bob est en proie à des visions. En effet, une mystérieuse petite fille le met en garde et tente de le dissuader d’entrer, notamment dans la cave qui est barricadée. Mais le mal est fait : Norman et Lucy ont déjà investi les lieux. Petit-à-petit, le jeune garçon est de plus en plus assailli par d’étranges hallucinations et des bruits bizarres deviennent omniprésents. Lucy découvre alors qu’une sépulture est disposée au beau milieu du salon. C’est celle du docteur Freudstein !

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Gore, gore, gore !

Tout comme pour ces précédents film, Lucio Fulci a travaillé sur le scénario à six mains avec Dardano Sacchetti (il a aussi bossé avec Mario Bava, Dario Argento et bien d’autres) ainsi que Giorgio Mariuzzo. Forts des bases déjà posées dans Frayeurs et Au-Delà, les scénaristes y reprennent les mêmes éléments (l’onirisme, les atmosphères gothiques, …) tout en y rajoutant des scènes violentes et gore.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’ami Fulci ne lésine pas quand il s’agit d’hémoglobine puisque La Maison Près Du Cimetière comporte un bon nombre de meurtres sordides. Mais loin de sombrer dans une bête surenchère de gore sans queue ni tête, le récit développe des intrigues sous-jacentes plutôt bien amenées avec notamment la jeune Silvia Collatina dans le rôle de Mae Freudstein. Ainsi, le rapport entre Mae et Bob est l’un des points forts du film et prend tout son sens dans le final de la pellicule.

Du côté de la réalisation, Lucio Fulci maîtrise parfaitement son sujet avec des plans parfois alambiquées mais toujours bien à propos. Et même si on sent parfois l’influence de films comme Shining et Amityville à bien des égards, l’homme réussit à tirer son épingle du jeu grâce à une mise en scène plutôt nerveuse. Qui plus est, le jeu des lumières et des contrastes amène une plus-value considérable à l’ensemble et permet à La Maison Près Du Cimetière de se détacher de la concurrence.

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Macabre poésie…

Toutefois, au-delà de son formalisme outrageux, le film aborde de nombreux sujets intéressants en toile de fond. Parmi eux, la volonté du Dr Freudstein de (sur)vivre à l’état cadavérique grâce à la mort de ses victimes dont il se repaît met par là-même en avant le thème de la décomposition / pourrissement du corps à l’instar de Cronenberg dans La Mouche, par exemple. De même, le thème de la dualité vie / mort reste omniprésent dans le récit et souvent est mis en relief au travers de scènes forts, comme lorsque Bob échappe au trépas de la cave en s’enfuyant par la tombe du salon du Dr Freudstein…

En définitive, même si le film de Lucio Fulci présente quelques éléments un peu bancals dans son scénario et que certaines questions soulevées restent sans réponse (d’où viennent les cris d’enfants ?), La Maison Près Du Cimetière reste une pellicule de haute volée. En effet, à la fois macabre et gore, cette œuvre développe en sous-texte une certaine poésie, notamment avec la mise en avant de l’enfance et l’innocence pervertie dans le récit. Avec ce film, Lucio Fulci démontre son savoir-faire indéniable dans le domaine de l’épouvante et signe par-là même un monument du cinéma d’horreur. Ni plus, ni moins.

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- Article rédigé par : Vincent Trajan

- Ses films préférés : Le Bon, la Brute et le Truand, Le Nom de la Rose, Class 1984, Les Guerriers de la Nuit, Nosferatu - Ses auteurs préférés - Maxime Chattam, Stephen King, Franck Thilliez, Bernard Minier, Jean-Christophe Grangé

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