La Nuit de la Vouivre

Un texte signé Patryck Ficini

France - 2017 - Favard Jean-Pierre

Une jeune fille se perd dans la nuit, après une soirée qui a mal tourné. Ses copains, des gendarmes et un videur se lancent à sa recherche, tandis que des voyous de bas étage et une créature infernale rôdent dans les ténèbres comme autant de dangers potentiels… Une histoire d’amour se noue entre une gendarme et le videur au milieu du sang et des larmes.

LA NUIT DE LA VOUIVRE de Jean-Pierre Favard est un assez long roman (330 pages) au sujet fort : celui de la Vouivre, cette femme-serpent gardienne d’un trésor (selon certaines légendes, de Franche-Comté ou d’ailleurs). Ce, après LA VOUIVRE de Marcel Aymé et LA GUIVRE de Marc Agapit.
A ce sujet issu des traditions et du folklore, Favard, qui n’en est pas à son coup d’essai à la Clef d’Argent, apporte une écriture et une structure résolument modernes.
LA NUIT DE LA VOUIVRE est ainsi porté par un style dynamique dont on regrettera juste le côté un peu saccadé, haché, la faute à des phrases souvent très courtes qui peuvent fatiguer un peu à la longue. Favard nous avait habitué lors de ses précédents travaux à une écriture plus fluide, et donc plus agréable et moins sèche.
Que l’on n’imagine pas pour autant que l’on peine à entrer dans ce roman ! Si les chapitres sont longs, ils sont subdivisés en une multitude de courts passages qui illustrent les actions en parallèle des différents personnages en proie à cette nuit infernale. D’où une impression de rythme endiablé. Ce montage ultra rapide, pour employer un terme cinématographique, évoque les thrillers littéraires les plus animés ou les films les plus nerveux.
Si le fantastique pur, à travers l’apparition de la créature qui donne son titre à cette œuvre, tarde à venir, les péripéties des héros malgré eux intéressent suffisamment pour faire patienter le lecteur… jusqu’à un certain point, car Favard tire un peu trop sur la corde il faut bien l’avouer. Bien sûr, certains personnages plaisent plus que d’autres : le gendarme obsédé par la créature tel Achab face à Moby Dick (citée dans le texte) est très fort, les jeunes perdus au milieu d’un récit qui ne les concerne à priori pas, déjà moins. De même, l’idée d’une sous-intrigue purement policière avec son lot de trafiquants et de flingueurs à la petite semaine ne convainc pas entièrement. Car elle prend quand même beaucoup de place eu égard à sa réelle importance dans ce qui fait le sel de ce roman d’horreur : le monstre et sa légende. Quand la Vouivre apparait enfin, à soixante pages de la fin, certains lecteurs (ce fut notre cas) seront quand même un peu fatigués d’attendre… Fort heureusement, Jean-Pierre Favard a suffisamment de métier pour rendre le final emballant de violence gore et de fantastique pur.
Il est évident à la lecture que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à écrire LA NUIT DE LA VOUIVRE. Un plaisir que devraient éprouver, malgré nos quelques réserves, les lecteurs fidèles de la Clef d’Argent, dont les choix sont généralement un gage de qualité. Une Clef d’Argent où Jean-Pierre Favard est de plus en plus présent, sous la casquette de directeur de collection (l’excellente et bien nommée LoKhale, déjà riche de 4 titres) comme sous celle d’écrivain. On ne s’en plaindra pas !


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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