La Nuit Des Mille Chats

Un texte signé Vincent Trajan

Mexique - 1972 - René Cardona Jr.
Titres alternatifs : La Noche De Los Mil Gatos
Interprètes : Hugo Stiglitz, Anjanette Comer, Christa Linder, Barbara Angely

Fils de René Cardonna (SANTO CONTRA EL ESPECTRO, SANTO VS EL ESTRANGULADOR, SANTO EN LA VENGANZA DE LA MOMIA…), le jeune René Cardona Jr. marche très vite sur les traces de son père en se lançant dans la réalisation avec lui sur quelques films de la mythique saga de SANTO comme OPERACION 67 (1967) ou EL TRESORO DE MOCTEZUMA (1968) qui connurent un joli petit succès d’estime à la fin des 60’s.
En 1972, René Cardona Jr. décide de voler de ses propres ailes et de sortir des frontières mexicaines en tournant LA NUIT DES MILLE CHATS (LA NOCHE DE LOS MIL GATOS), co-écrit avec Mario Zacarias (JUAN PISTOLAS).
Pour ce faire, l’homme fera appel à quelques actrices américaines (Anjanette Comer…) et européennes (Christa Linder, Barbara Angely…), ainsi qu’à un jeune premier d’alors, Hugo Stiglitz (L’AVION DE L’APOCALYPSE), afin de mettre toutes les chances de son côté.

Le pitch de LA NUIT DES MILLE CHATS est assez simple, mais hautement accrocheur : Hugo, un riche jeune homme animé d’une passion dévorante pour les femmes, sillonne Acapulco à bord de son hélicoptère afin de les séduire. Mystérieux play-boy s’il en est, Hugo se révèle être un redoutable tueur en série, désireux de collectionner les têtes de ses victimes et de donner leurs restes à ses mille chats affamés. Mille chats élevés à la chair humaine…

C’est donc sur ce scénario original que René Cardona Jr. va mettre en place un film aux multiples facettes, alternant thriller, suspense et horreur, puis jouant avec les nerfs du spectateur dans la mesure où les agissements d’Hugo restent totalement imprévisibles (il laissera certaines de ses “proies” en vie, en tuera d’autres…) et souvent cruels.
Et même si le réalisateur parsème ici et là LA NUIT DES MILLE CHATS de quelques scènes pas toujours indispensables (les incessantes prises de vues aériennes d’Acapulco depuis l’hélicoptère), force est de constater qu’on se laisse prendre au jeu de ce film au(x) charme(s) 70’s si singulier(s).
Ainsi, malgré les faibles moyens alloués à son projet, il faut bien avouer que le réalisateur a su mettre une belle aura de mystère autour du personnage d’Hugo, tantôt insensible au sort de ses victimes (il jettera leurs restes en pâtures à ses chats avec désinvolture), tantôt délibérément humain et attendrissant (son étrange lien avec la fille de Cathy, ses relations avec les femmes etc.), si bien que les interrogations autour de sa psyché se placeront comme la clé de voûte du film. Une manière assez habile de faire rentrer le spectateur dans l’univers du serial killer…
De plus, le metteur en scène apporte un soin particulier aux décors de l’antre du tueur (Dorgo, l’homme de main muet, la cage aux “mille” chats…), de façon à mettre en relief des atmosphères pesantes et ô combien dérangeantes (les félins ne semblent pas avoir été épargnés durant le tournage…)

Malgré tout, les quelques errances scénaristiques de LA NUIT DES MILLE CHATS ne permettront pas vraiment de s’attacher pleinement aux personnages secondaires, tant leur psychologie est laissée au second plan. De fait, on n’apprendra sur Dorgo, ni même sur cette mystérieuse femme blonde qui hante tous les rêves d’Hugo…
Difficile donc de s’y retrouver et de véritablement comprendre les différentes trames de LA NUIT DES MILLE CHATS, tant René Cardona Jr. utilise parfois des raccourcis faciles pour étayer son histoire (apparemment Hugo collectionne les têtes et les chats parce que ses “ancêtres étaient des collectionneurs d’armes, de timbres et même de monnaies”…).
C’est assez dommage au final, car le spectateur rentre facilement dans cette histoire de tueur en série playboy et fétichiste, mais il n’aura hélas, pas de véritables réponses à toutes les questions soulevées au travers du métrage…

En fin de compte, LA NUIT DES MILLE CHATS s’avère être un film plaisant, mais parfois décousu, qui n’aura malheureusement pas permis à René Cardona Jr. de s’imposer en dehors de son propre pays. Ceci étant, la pellicule donne l’occasion de passer un agréable moment devant les pérégrinations assassines d’Hugo et ces ambiances typiques des 70’s.
On regrette seulement que le titre LA NUIT DES MILLE CHATS (aussi intitulé en France LES CHATS TUENT LA NUIT ou LES GRIFFES DU DEMON) soit trompeur, puisque le film n’est pas du tout basé sur des attaques félines…

Il est à noter qu’en 1978, René Cardona Jr. réussira enfin à s’imposer sur les marchés étrangers en signant en cette même année LE TRIANGLE DES BERMUDES et TINTORERA : DU SANG DANS LA MER.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Vincent Trajan

- Ses films préférés :


=> Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons ce lien.
Share via
Copy link