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La nuit Nanarland 2nd édition

La seconde édition de la Nuit Nanarland avait lieu au Grand Rex, comme pour la précédente édition, le 23 septembre 2017. Toujours présente au rendez-vous, l’équipe de Nanarland était accompagnée par Jean-François Rauger toujours fidèle au poste. La formule n’ayant pas changé, on avait donc 4 films entrecoupés des cuts de Nanarland, de bandes-annonces prêtées par Tanzi Distribution, et de jeux où l’on pouvait gagner des DVD, CD de la bande originale du LAC DES MORTS VIVANTS ou encore du volume deux de Nanarland le livre.

La soirée commençait avec DANGEROUS MEN. Il a fallu trente ans à Jahangi Salehi pour réaliser ce qu’il pensait être le film d’action ultime. Hélas pour lui, et heureusement pour nous, le réalisateur de DANGEROUS MEN ne maitrisait ni l’écriture d’un scénario, ni l’art du montage, pas plus que l’utilisation de la musique. Si l’on sent le film rapiécé par un tournage compliqué et un manque de moyens évident, en revanche, il demeure incompréhensible que Saheli ait pu choisir de mettre des musiques enjouées disco sur des scènes de meurtres ou encore procédé à des montages ultra cut de séquences n’ayant apparemment aucun rapport entre elles, ni pourquoi le film débute sur un personnage qui disparaîtra ensuite quasiment du film.

Cette histoire d’un jeune couple qui subit l’attaque de bikers aurait pu être un rape and revenge, si l’on avait suivi la jeune Mina, l’épouse qui survit à l’attaque et décide de pourchasser tous les hommes violeurs jusqu’à finalement décider de les tuer, y compris ceux n’ayant pas l’air très violents. Cela aurait pu être une enquête policière si nous avions suivi le frère cherchant à retrouver sa belle-sœur disparue, mais le film semble hésiter, et finalement choisir de ne pas raconter grand-chose. Cependant, il nous offre des scènes de bravoure, des moments musicaux jamais encore vus au cinéma, une séquence de danse orientale qui n’a rien à envier au générique de BONS BAISERS DE RUSSIE ou encore une course-poursuite absurde et surtout un générique incroyable.

Dans les bandes-annonces ayant précédé le film, on notera un film français PLEIN FER, un thriller sur le monde des boules de pétanque, avec des répliques mémorables et un casting cinq étoiles, qui plus est par la réalisatrice des ROIS MAUDITS.

Suivait MEGA FORCE dont le budget de 20 millions de dollars dépassait celui de Star Wars. Conçu pour vendre des jouets et produits dérivés, c’est une sorte de GI-JOE qui étrangement a jugé bon de doter ses supers agents internationaux de costumes de lycra dorés moulants et de brushings impressionnants accompagnés d’un bandeau coloré dans les cheveux qui donne plus l’impression de voir des professeurs d’aérobic monter des jouets pour enfant. S’il est vrai que les motos volantes et le mini tank pirate capable de détourner n’importe quel missile pouvaient en effet plaire aux enfants, l’ennui est que le film essaie de vendre une action bourrine très pro-américaine tout en adoptant le ton idéal pour les enfants, notamment en remplaçant les baisers amoureux par un très étrange bisou sur le pouce…

Nous passerons outre sur le drapeau des confédérés que porte l’un des héros, ou le discours sexiste donné au caporal féminin lorsqu’elle tente de rejoindre la Mega Force, ou encore la très grande proximité du scénario avec DELTA FORCE, il faut dire que le film nous offre des moments de bravoure comme cette réplique assez croustillante donnée par le héros « Les bons gagnent toujours même dans les années 80 » ou encore la scène avec une moto volante rejoignant un avion dans les airs. Un effort qui a connu un retentissant échec mais aura néanmoins inspiré le film TEAM AMERICA POLICE DU MONDE ou encore la moto volante dans le jeu GTA.

Entre deux, les cuts de Nanarland nous proposaient une sélection de mannequins jetés du haut d’une falaise ou bouffé par des requins aux effets de 3D assez douteuse, mais notre bizarrerie préférée reste la Spider Girl de la Nollywood, dont après plusieurs extraits, on ne sait toujours pas si c’est une super-héroïne ou une super-vilaine.

Afin de continuer la soirée, le troisième long métrage proposé par l’équipe de Nanarland est un film turc. Rarement visible, le cinéma turc regorge pourtant de perles rares. Les cuts Nanarland nous permettent régulièrement de voir les versions turques des grands blockbusters américains, mais la projection de TARKAN CONTRE LES VIKINGS permet de voir une production turque au sommet de sa forme. En effet, Tarkan est un peu leur Astérix, un héros populaire au charisme et à la force assez semblable à celle de Rahan. Et l’inspiration d’Astérix est sans doute présente, au moins capillairement, dans le chef des Vikings qui aborde une impressionnante moustache. Les capillaires sont à l’honneur dans le film, puisqu’une galerie de perruques et de colorations douteuses sont visibles à l’écran, accompagnant des costumes à base de moquette ultra colorée qui rhabille la Garde de la Nuit de GOT vêtue quant à elle de tapis Ikea (comme quoi HBO a su s’inspirer du meilleur du cinéma turc).

Quant à l’histoire, elle est somme toute assez simple. Chargé de protéger la fille d’Atila en l’absence de ce dernier, Tarkan doit affronter une horde de vikings sauvages et barbares. Laissé pour mort, et ayant perdu son chien, Kurt, il part à la poursuite des vikings accompagné du fils de son chien, Kurt junior, et de sa volonté sans faille. C’est à la nage qu’il affrontera le kraken ainsi que la horde de Vikings, mais aussi la fille de l’empereur chinois, sournoise demoiselle qui veut ravir la fille d’Atila. Heureusement, il sera aidé d’Ursula, fière guerrière viking ayant perdu son père, tué par le chef des Vikings. Si le film est très haut en couleur, et a quelques effets spéciaux en carton-pâte (comme les épées par exemple), il témoigne d’un cinéma populaire pas si éloigné de ce que pouvait produire le cinéma d’exploitation américain ou italien de la même époque.

Il ne fallait pas moins que l’incroyable bande-annonce du CRAPEAU MASQUE pour nous réveiller un peu avant d’enchaîner sur le dernier long métrage de la soirée.

Nous finissions la soirée en beauté avec une véritable pépite rock, plus exactement glam rock, appelée délicieusement BLACK ROSES. Si le réalisateur, John Fasano est de prime abord un fan de rock, son film adopte plutôt le discours moralisateur voyant le rock comme la musique du diable puisque c’est littéralement le cas dans le film. En effet, la paisible petite ville de Mill Basin va sombrer dans le chaos suite à l’arrivée du groupe Black Roses qui donne des concerts quasi-gratuits à la jeunesse de la ville. Le professeur de français finit par établir un lien entre les meurtres commis par nos jeunes adolescents soudainement devenus rebelles et le groupe de rock qui s’avère être des démons transformant la jeunesse en véritables satanistes démoniaques.

Bénéficiant d’un casting suffisant pour offrir de vrais et soignés effets spéciaux (les maquillages sont vraiment réussis), et d’une bande son de qualité (Carmine Appice ou encore Vincent Pastore servent le score du film), BLACK ROSES est de ces films étranges qui sur un postulat complètement absurde construisent un film plutôt bien fichu (les acteurs sont plutôt convaincants, les maquillages réussis et la musique envoûtante) qui par conséquent se prend au sérieux en dépit d’une histoire complètement tirée par les cheveux et assez improbable. Ajoutez à l’histoire digne d’un épisode d’une série pour ados, des coiffures et costumes typiques des années 80 dans la veine du glam rock et des séquences assez tendues où des enfants séduisent leurs beaux-parents, parents ou professeurs, et vous obtenez un film assez incroyable qui mérite le coup d’œil.

Comme toujours, la nuit s’achevait sur une sélection de bandes-annonces porno récupérées in extremis par Tanzi Distribution à Marseille. On retiendra surtout l’annonce faite à la fin, d’une prochaine édition en 3D !

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