La Religieuse de Monza

Un texte signé Angélique Boloré

Italie - 1969 - Eriprando Visconti
Titres alternatifs : Nun of Monza, Lady of Monza, La Monaca di Monza
Interprètes : Anne Heywood, Tino Carraro, Antonio Sabato

Un gentilhomme vient de tuer un envoyé de l’Eglise qui venait récolter de nouveaux impôts. Soutenu par un ami aumonier, il trouve asile dans le couvent voisin et échappe ainsi aux autorités espagnoles. L’aumonier parvient à faire fléchir l’abbesse qui permet l’intrusion de cet homme dans les murs du couvent sous certaines conditions. Comme on s’en doute, il ne les respecte pas, va jusqu’à violer l’abbesse, aidé en cela par deux religieuses et le couvent devient le théatre de tous les vices. Les hautes instances religieuses ne peuvent laisser passer une telle chose, et le procès de l’abbesse, de plusieurs religieuses, et de l’aumonier s’ouvre. A l’issue de ce procès, l’abbesse est condamnée à être emmurée vivante.
Le couvent de Santa Marguarita de Monza essuie donc les troubles causés par le gentilhomme qui séduit les jeunes novices. L’abbesse souhaite lui faire les remontrances d’usage. Cependant, elle n’est pas non plus insensible à son charme. Aidé par deux autres religieuses qui apparamment veulent tâcher la réputation de leur supérieure, certes plus jeune et plus belle, il pénètre dans sa cellule et la viole. L’abbesse tente de repousser ses désirs par la pénitence, étrangement toujours soutenue par les deux traîtresses qui resteront avec elle fidèlement. Mais elle n’y parvient pas. Refusant son amour pour lui, elle le dénonce et il est arrêté. Elle met ensuite au monde une petite fille. Elle réalise qu’elle ne peut lutter contre son amour pour lui et lui envoie un coffret d’argent pour qu’il puisse s’évader. Lui s’enfuit, compte fleurette loin, jusqu’à Venise avec une femme mariée. Mais il est amoureux de soeur Virginia et revient. Là, les deux amants vivent presque maritalement avec leur une petite fille dans le couvent. Plusieurs religieuses qui avaient aidé soeur Virginia a garder sa grossesse secrète, l’entourent dans sa vie interdite. Les deux amoureux sont également obligés de tuer une novice rêveuse et romantique qui croit être aimée de l’homme, pour éviter que par dépit amoureux, elle n’en dise trop. Finalement, tout est découvert. L’abbesse et les autres sont jugés, les deux religieuses sont tuées par le jeune homme dans un marais alors qu’ils essayaient de se sauver. Lui meurt parce qu’un ami le trahit, sa tête étant mise à prix.
LA RELIGIEUSE DE MONZA touche beaucoup le spectateur. Il est beau. Les costumes et les décors sont magnifiques et particulièrement soignés. Les acteurs, surtout les femmes sont belles, dans leur mesquinerie autant que dans leur bonheur ou dans leur détresse. L’actrice qui incarne l’abbesse est une femme de toute beauté qui joue son rôle à merveille. Elle parvient à nous transmettre chacune de ses émotions. Nous assistons aux complots internes des nonnes pour avoir le pouvoir, c’est-à-dire être élue mère supérieure. Mais l’Église veut, elle aussi, garder son pouvoir, ses intérêts politiques et financiers. A travers ce film, le pouvoir fait marcher le monde, même celui de la miséricorde et de la foi. Et finalement, l’amour, les individus ne sont rien quand les enjeux financiers sont trop importants. Il est vrai que ce n’est pas nouveau, mais comme le réalisateur se sert de ce thème comme toile de fond, et non comme prétexte, le tout passe relativement bien.
Néanmoins, le scénario contient beaucoup trop d’éllipses pour être immédiatement compréhensible et la narration en devient confuse, très mauvaise souvent. Le spectateur doit lui-même faire les liens logiques sans être assuré d’avoir fait les bons choix pour relier les scènes et les faits entre eux. Le gentilhomme est apparemment un amoureux transi, et pourtant il viole soeur Virginia (?). Les deux autres religieuses introduisent cet homme et ensuite restent pour s’occuper de leur supérieure pendant sa grossesse, l’aident à garder secrets et cachés ses ébats et sa vie presque maritale. D’ailleurs, l’abbesse demande à être relevée de ses voeux, mais on le lui refuse, alors elle vit dans le péché sans regret. En fait, on doit presque tout deviner, et c’est bien gênant. C’est au spectateur d’imaginer les motivations et les changements de chacun, et cela se révèle être un exercice pénible et témoin de l’incapacité du réalisateur à nous narrer son propos de manière cohérente et totale. Néanmoins l’histoire est relativement complète dans le sens où l’action ne se cantonne pas aux seuls murs du couvent, mais s’évade sous d’autres cieux. Ainsi, nous avons un certain sentiment d’achèvement. L’intrigue trouve son origine dans le couvent de Santa Marguarita de Monza, théâtre de tous les troubles. Mais une fois découvert, l’amant doit s’exiler dans une Venise comme toile de fond, après un passage dans sa sinistre prison. Et quand au début les personnages parlent des autorités écclésiastiques, elles ne restent pas une simple dénomination. En effet, une fois toute l’affaire révélée, ils sont tous traduits devant leurs supérieurs. Le procès n’est pas aussi terrifiant et mis en lumière que dans d’autres films de la même veine. Mais, c’est parce qu’il est une continuité de l’histoire de soeur Virginia et non un évènement ponctuel fort. De plus, les sentiments exprimés sont très beaux, presque romantiques, principalement, grâce à une musique intelligente et évocatrice de Ennio Morricone qui souligne parfaitement les moments forts et élève encore leur force dramatique.


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- Article rédigé par : Angélique Boloré

- Ses films préférés : Autant en Emporte le Vent, Les dents de la Mer, Cannibal Holocaust, Hurlement, L’invasion des Profanateurs de Sépultures


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