retrospective

La tarntule au Ventre Noir

Des meurtres sadiques sont perpétrés sur de jeunes femmes. Celles-ci sont paralysées à l’aide d’une aiguille d’acupuncture et éventrées ensuite alors qu’elles sont encore conscientes… La police enquête.
LA TARENTULE AU VENTRE NOIR est l’un des deux gialli signés Paolo Cavara. Le second, E TANTA PAURA, est critiqué ailleurs en ces pages. Cavara est connu aussi pour le joli western LOS AMIGOS, avec le tandem Anthony Quinn/Franco Nero.
Bien réalisé, avec une image soignée, LA TARENTULE est l’un de ces films au titre animalier, très à la mode à cette époque depuis les succès de Dario Argento, avec son oiseau, ses mouches et son chat. Le choix du titre trouve une justification un peu discutable même si cela part d’une très bonne idée. Cavara signe d’ailleurs ici un vrai giallo, avec ce qu’il faut de meurtres, d’érotisme et d’enquête. L’assassin a un look qui le rapproche de celui de 6 FEMMES POUR L’ASSASSIN de Mario Bava, le film qui a véritablement donné naissance au genre. Plutôt que les classiques gants de cuir, il porte ici des gants de latex. La trouvaille est excellente, car cela donne un aspect cireux à ses mains, tel que l’on croirait parfois qu’elles sont artificielles. Ce côté un peu répugnant les rend plus menaçantes encore !
Les meurtres sont en nombre. S’ils suivent toujours le même modus operandi, aussi original que sadique, les scènes d’angoisse qui précèdent sont heureusement suffisamment variées pour retenir notre attention. Retenons ainsi un impressionnant meurtre commis au milieu de mannequins (autre réminiscence bavienne ?). On a droit à des débuts d’éventration assez sanglants, bien que l’on soit évidemment loin du gore à la Fulci. La première victime est la magnifique Barbara Bouchet, Bond-girl dans la délirante parodie CASINO ROYALE et enquêtrice sexy dans le génial LONGUE NUIT DE L’EXORCISME de Lucio Fulci. C’est vraiment dommage qu’elle soit tuée dès le début du film, car on aurait pris grand plaisir à la voir plus longtemps.
Deux autres actrices de charme sont à noter. Claudine Auger, qui, avec quelques années de plus, est moins belle que dans le 007 OPERATION TONNERRE. On l’a aussi vue dans le giallo atypique et pré-slasher LA BAIE SANGLANTE de Bava. N’oublions pas enfin la sensuelle Barbara Bach, future Bond-girl elle aussi pour L’ESPION QUI M’AIMAIT.
L’enquête, jamais géniale mais embrouillée juste ce qu’il faut, se suit plaisamment. On a même droit à une belle poursuite sur les toits. On se demande s’il s’agit d’un maniaque ou si les meurtres ont un autre mobile que la folie, car on le sait, les deux sont possibles dans le giallo. Le coupable est plutôt bien caché, mais l’on n’en dira pas plus ! Le policier, fort bien joué par Giancarlo HANNIBAL Giannini, est très sympathique, avec ses doutes et ses faiblesses. Lui et sa femme sont des plus attachants, et quand l’assassin veut s’en prendre à elle, le spectateur marche à fond. Le final est ainsi plein de tension.
Si on ajoute à cela une partition – inévitablement – belle d’Ennio Morricone (alors compositeur attitré pour Dario Argento avant que celui-ci ne passe aux Goblin), on obtient un honnête thriller, qui plaît même s’il n’enthousiasme pas. Il s’agit assurément de l’une des petites réussites du genre.

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