La vengeance de la femme au serpent

Un texte signé Patrick Barras

USA - 1988 - Beverly & Ferd Sebastian
Titres alternatifs : Gator bait II : Cajun justice
Interprètes : Jan MacKenzie (Jan Sebastian), Tray Loren (Tracy Sebastian), Paul Muzzcat, Brad Koepenick, Jerry Armstrong, Ben Sebastian

Angélique (Jan Sebastian), une jeune citadine épouse Big T (Tracy Sebastian), un cajun pur jus et part s’installer dans sa maison isolée dans le bayou. La fête de mariage est cependant perturbée par Leroy et sa bande d’amis, une belle brochette de rednecks bas du front, affreux sales et méchants. Le fait est que Leroy semble avoir un lourd contentieux avec la famille de Big T. Une fois les noces consommées (sans modération, cela va sans dire), Angélique entreprend sous la tutelle de son mari son apprentissage de la rude vie dans les marécages : Chasse et pêche, maniement des armes, conduite de hors bord, bref tout ce qu’une bonne épouse cajun se doit de maîtriser. Une vie simple et heureuse de courte durée et une harmonie rompue quand Leroy et sa bande de dégénérés abattent Big T et enlèvent Angélique afin de la violer. Celle-ci na va pas tarder à pouvoir mettre en application les enseignements fraichement dispensés par son époux…

En 1988 les production Sebastian sont désormais une vraie petite entreprise familiale. Le père et la mère toujours à l’écriture et à la réalisation, les deux fils acteurs dont l’un aux effets spéciaux, et même la belle fille dans un premier rôle. Forte du succès européen en vidéo de GATOR BAIT, la Paramount leur propose la réalisation d’un deuxième opus destiné à être un direct to video.

Claudia Jennings étant disparue dans un accident en 1979, il est hors de question de reprendre le personnage de Désirée Thibodeau qui avait en partie fait le succès du premier film, LES MARAIS DE LA HAINE (voir critique dans la même rubrique). C’est donc Jan, belle fille de Beverly et Ferd Sebastian qui hérite du rôle d’Angélique . Elle dont la plastique (généreusement exposée dénudée tout au long du métrage) n’a rien à envie à celle de Miss Jennings, hormis peut être un visage un peu bébête de girl next door typique (admirablement serti dans l’incontournable coupe de la cagole amerloque des eighties…) et donc donnant lieu à une expressivité et un jeu d’actrice assez fades.

On retrouve par contre Big T (toujours interprété, quatorze ans plus tard, par la même acteur), qui n’est plus du tout muet comme dans GATOR BAIT et aussi le fameux Leroy, dernier représentant de la famille Bracken que l’on avait laissé pour mort, qui ressuscite ici dans le corps d’un autre acteur, mais qui n’a rien perdu de ses penchants de pervers teigneux. On nous remémore d’ailleurs que son amertume chronique à l’encontre de la famille Thibodeau lui vient en partie du fait que Désirée l’a jadis privé de certains attributs de sa virilité suite à un « écart de conduite » et des « intentions déplacées » vis à vis d’elle.

Pour le reste on voit bien que le succès commercial en vidéo des MARAIS DE LA HAINE n’a pas fait que LA VENGEANCE DE LA FEMME AU SERPENT ait hérité d’un budget beaucoup plus conséquent. Mais en donnant une fois de plus la part belle aux paysages et à l’action, Ferd Sebastian tire à nouveau, en bon vieux brise quart de la méthode Corman, son épingle du jeu en terme d’image et de construction du récit. Il y a même au début un côté reportage plutôt sympathique du fait de l’emploi d’autochtones non acteurs lors de la séquence du mariage. Cependant GATOR BAIT II a par rapport à son prédécesseur un côté rape & revenge nettement plus affiché (allant jusqu’à pasticher la scène de mise à mort en hors bord du I SPIT ON YOUR GRAVE de Meir Zarchi), avec ses scènes de nudité et de viol plus crues et frontales (même si le hors-champ est parfois de mise) ainsi que dans son éradication (un poil plus sanglante aussi) sans concessions ni états d’âme de nuisibles à la libido violente.

Quand bien même certains pourraient lui reprocher un aspect un tantinet romantico-mélo-gnangnan, LA VENGEANCE DE LA FEMME AU SERPENT constitue un honnête produit du genre, devant lequel on ne s’ennuie jamais et bien plus rafraîchissant que bon nombre de ses semblables.


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- Article rédigé par : Patrick Barras

- Ses films préférés : Il était une fois en Amérique, Apocalypse now, Affreux, sales et méchants, Suspiria, Massacre à la tronçonneuse


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