Lady Libertine

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

France, USA, Canada - 1984 - Gérard Kikoïne
Titres alternatifs : Frank and I
Interprètes : Christopher Pearson, Jennifer Inch, Sophie Favier, Alain Dumaurier, April Hyde

Grand spécialiste du cinéma X français, Gerard Kikoïne avait débuté sa carrière de metteur en scène avec un érotique soft, L’AMOUR A LA BOUCHE, en 1974. Par la suite, le cinéaste tourna, en dix ans, une vingtaine de pornos classieux dont on retiendra quelques classiques comme PARTIES FINES ou CHAUDES ADOLESCENTES.
Suite à une rencontre avec le producteur et scénariste bien connu Harry Alan Towers (les « FU MANCHU » de Jess Franco mais aussi le diptyque GOR ou des séquelles discutables comme AMERICAN NINJA III, DELTA FORCE III et HURLEMENTS IV), Kikoïne se lance dans ce plaisant LADY LIBERTINE estampillé « Playboy » qui surfait sur l’éphémère mode de l’érotisme raffiné (Harry Alan Towers venait d’ailleurs de proposer une adaptation du classique FANNY HILL). A la même époque, les deux hommes collaboreront également sur LA RONDE DE L’AMOUR.

Principalement tourné dans le château normand de Saint-Hilaire de Louviers, LADY LIBERTINE s’inscrit dans la lignée des films érotiques d’époque situés dans un environnement luxueux et froufrouteux. L’intrigue, classique mais effective, adapte le roman victorien « Frank and I », publié anonymement, et s’intéresse à un châtelain, Charles de Beaumont. Celui-ci recueille un jeune orphelin, Frank, qu’il décide d’adopter et d’éduquer dans les principes de la bonne société anglaise de la fin du XIXème siècle. Cependant, lorsqu’il doit punir le jeune garçon en lui administrant une fessée, Charles découvre la vérité : Frank est en réalité une fille, Frances, échappée d’un bordel. On devine la suite…

Le rôle masculin principal est dévolu au mannequin Christopher Pearson dont c’est l’unique prestation cinématographique tandis que Jennifer Inch campe le double rôle de Frank / Frances. Très médiatisée, on note évidemment la présence de l’animatrice télé Sophie Favier dans le rôle de la maitresse de l’aristocrate.
Servi par la photographie raffinée de Gérard Loubeau, le film développe son traditionnel mais toujours agréable récit d’initiation amoureuse, avec un jeu de caméra travaillé, des couleurs chatoyantes et des dialogues bien écrits qui trahissent leur inspiration volontiers littéraire.
Le film prend d’ailleurs son temps pour conter son récit et le rythme se montre parfois lent, ce qui n’est pas nécessairement un défaut en ces temps de montage frénétique confondant action et précipitation. Si la nudité est importante, les scènes chaudes sont relativement rares : joliment filmées, elles ne possèdent toutefois pas le côté outrancier que Kikoïne développait dans ses pornos. Nous sommes bien davantage ici dans le douceâtre, le romantique et le classieux, ce que permet un budget tout à fait correct permettant une reconstitution d’époque et un grand soin accordé aux costumes et décors.

LADY LIBERTINE témoigne donc d’une époque révolue où pouvait exister des productions érotiques de prestige bien écrites, joliment photographiées et adroitement réalisées. A redécouvrir.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


=> Pour prolonger votre lecture, nous vous proposons ce lien.
Share via
Copy link