chroniques-infernales

L’Asch Mezareph

L’ASCH MEZAREPH est un gros roman de Jean- Pierre Favard. Esotérisme et histoire sont au menu.
Ce qui est bien avec cet auteur (nous l’avions déjà remarqué pour son recueil BELLE EST LA BETE à la Clef d’Argent), c’est qu’on ne sait jamais dans quelle direction il va nous entraîner. Ce roman, publié chez Lokomodo, est ainsi très différent de son SEX, DRUGS AND ROCK’N’DOLE, naguère vanté en ces mêmes Chroniques Infernales.II est peut-être plus à rapprocher, pour le côté régionaliste, de LA SECONDE MORT DE CAMILLE MILLIEN (cité ici et situé lui aussi en Bourgogne et plus particulièrement dans le Morvan légendaire, un coin assez fascinant sous la plume de l’auteur). Ce roman, plus court, se trouve dans le recueil LE DESTIN DES MORTS, toujours chez Lokomodo, un éditeur dont on ne peut que dire du bien tant ses publications s’avèrent excitantes. Ainsi, dans le domaine du fantastique, qui nous occupe souvent ici, Lokomodo republie des Nuit D’Avril, cette fois à un tarif poche, donc abordable, comme les excellents PERLES NOIRES ou LES MALEFICES DU TEMPS. Décidé à oeuvrer, entre autres, dans le domaine du recueil de nouvelles fantastiques, l’éditeur publie aussi du Denis Labbé (bien connu des vieux lecteurs de PHENIX) ou du Jess Kaan.
Revenons à L’ASCH MEZAREPH. S’il a pour points communs avec les précédentes oeuvres de l’auteur, une efficacité de style, une assurance dans l’écriture indéniables, on peut regretter la disproportion entre les pages purement historico-ésotériques, à base de templiers, d’alchimie et de livre maudit , aussi passionnantes et érudites soient-elles, et l’intrigue policière fondée sur l’enlèvement et le complot. On a trop souvent l’impression d’avoir affaire à un essai tout droit sorti de L’Aventure Mystérieuse/J’ai Lu et pas assez à un polar aussi dynamique qu’on pourrait le souhaiter. Jean-Pierre Favard s’est peut-être laissé emporter par sa légitime fascination pour l’histoire parallèle, pourrait-on dire, au détriment de l’aspect purement thriller de son oeuvre. Le fantastique quant à lui s’y révèle bien réel mais au bout du compte très peu présent.
Certains penserons au DA VINCI CODE, d’autres, comme nous, aux COMPAGNONS DE BAAL, un formidable feuilleton télévisé des années soixante. Au final, c’est bel et bien le talent de conteur de Favard qui emporte le morceau et l’on se surprend à être passionné (et un peu abasourdi) par tous les mystères qui nous sont dévoilés. D’autant que les méchants ne sont pas forcément ceux que l’on croit…, rien n’est simple dans le monde de l’ésotérisme puisque la vérité s’y dissimule toujours derrière les apparences, la réalité derrière le symbole. L’ASCH MEZAREPH est une véritable immersion dans cet univers, apparemment admirablement connu de l’auteur (belle bibliographie en fin de volume).
La société secrète du roman, la Commission des 25, sans être vraiment fascinante, intrigue et inquiète. On sent le fanatisme pointer le bout de son nez par-delà l’érudition policée de ces gens «qui savent» et sont prêts à presque tout pour défendre les valeurs auxquelles ils croient.
Le mystère est là, à notre porte, et la vérité est toujours ailleurs.

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