L’association

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Hong Kong - 1975 - Chang-hwa Jeong
Titres alternatifs : Yan ku shen tan
Interprètes : Yu Byong, Angela Mao, Tien Nui, Sammo Hung, Whang Ing-Sik, Carter Wong

Le cinéaste coréen Chang-hwa Jeong, né en 1929, débute très jeune dans les milieux du cinéma puisqu’il réalise de petits films indépendants dès le début des années ’50. Il obtient rapidement de jolis succès, entre autre avec SWORDMAN IN THE TWILIGHT (en 1967) qui lui valent d’être contacté par la puissance compagnie hongkongaise Shaw Brothers, toujours en quête de nouveaux talents. A la charnière des sixties et des seventies, il réalise une demi-douzaine de long-métrages pour le compte de Run Run Shaw, à commencer par la plaisante comédie d’espionnage LA DIABLESSE AUX MILLES VISAGES. Chang-hwa Jeong enchaine avec VALLEY OF THE FANGS, SWIFT KNIGHT, SIX ASSASSIN et HEADS FOR SALE avant de signer, en 1971, un des premiers classiques indémodables du kung-fu, LA MAIN DE FER, qui lance véritablement le genre de manière internationale.
Malheureusement, les rivalités du cinéaste avec Mona Fong, compagne et future épouse de Run Run Shaw, le conduisent à quitter la Shaw Brothers pour rejoindre la compagnie rivale, Golden Harvest, récemment fondée par Raymond Chow. Il va y signer quelques titres sympathiques comme THE SKYHAWK, un des derniers films mettant en scène Kwan Tak-hing dans le rôle du légendaire Wong Fei Hong qu’il a incarné à 99 (!) reprises entre 1949 et 1981. Chang-hwa Jeong termine sa carrière en 1977 avec l’excellent BROKEN OATH, remake nerveux du japonais LADY SNOWBLOOD qui met en vedette Angela Mao. Cette belle carrière laisse espérer, avec L’ASSOCIATION, un honnête polar d’action…hélas il n’en est rien et le film parait fort ennuyeux en dépit d’une volonté manifeste mais incongrue de verser dans le bis.
En effet, L’ASSOCIATION manque de punch et parait languissant en dépit d’une durée réduite à moins de 90 minutes. Entre deux séquences martiales ou quelques passages érotiques, relativement osés pour un long-métrage hongkongais des années ’70, l’ensemble fatigue les plus indulgents. L’enquête poussive menée par le héros policier ne possède pratiquement aucun intérêt et le spectateur se perd un peu dans cette intrigue de pot-de vins, de corruption des autorités et d’avortements clandestins. Seule une séquence complètement saugrenue au cours de laquelle une assemblée de personnages costumés s’apprête à opérer une demoiselle sauve les meubles et propose un délire assez jouissif à la manière des bandes sadiques italiennes de la même époque. Le reste, hélas, se conforme aux pires clichés du polar d’action à petit budget, mâtiné de scènes de kung fu efficaces et brutales mais trop rares pour contenter l’amateur. En effet, la majorité du temps de projection est, malheureusement, constituée de bavardages pénibles et de saynètes sexy, aujourd’hui bien timides et désuètes.
Si le scénario est faiblard, L’ASSOCIATION se rattappe en partie par son casting. Le héros, tout d’abord, est joué par Yu Byong, surnommé Lightning Bolt, un combattant impressionnant détenteur d’une ceinture noire 9ème dan de Tae Kwon Do. Malheureusement, son charisme et son jeu semblent inversement proportionnels à ses qualités martiales, ce qui explique probablement que L’ASSOCIATION soit sa seule contribution au septième art. Dans un rôle secondaire de sidekick, la taiwanaise Angela Mao (STONER, OPERATION DRAGON, WHEN TAEKWONDO STRIKES) apporte heureusement un peu de charme et d’énergie, sans oublier quelques jolis mouvements de pieds et de poings. On remarque aussi dans la distribution quelques familiers du « cinéma de bastons » comme la belle Tien Ni (LES JEUNES DRAGONS, LE SABRE INFERNAL), le « super kicker » Carter Wong, le maître de hapkido Whang In Sik (LA FUREUR DU DRAGON, DRAGON LORD), et, bien sûr, Sammo Hung, ces deux derniers étant également chorégraphes sur le long-métrage qui nous occupe. Si cela relève le niveau et l’intérêt, tout ça ne suffit pas à sauver les meubles…
Au final, L’ASSOCIATION échoue à emporter l’adhésion du public et s’apparente à un simple divertissement destiné aux inconditionnels du polar martial des seventies. On a vu pire mais, aussi, bien mieux…


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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