Last caress

Un texte signé Alexandre Thevenot

France - 2010 - François Gaillard et Christophe Robin
Interprètes : Julie Baron, Guillaume Beylard, Elina Calmels, Antony Cinturino, Aurélie Godefroy...

Cinq jeunes gens arrivent dans une grande demeure où ils doivent retrouver leur amie pour passer le week-end ensemble. Arrivés dans la maison, personne ne les accueille. Quelque chose de bizarre semble s’être passé. Très vite, pris au piège, ils deviennent la proie d’un tueur invincible et masqué.

Nouvelle collaboration entre François Gaillard et Christophe Robin après BLACKARIA, produit par Le chat qui fume, LAST CARESS est un film qui se caractérise avant tout par sa générosité : générosité en sexe, en filles nues et générosité en violence, en séquences gores. Comme présenté par François Gaillard, le film a été réalisé avec beaucoup de plaisir et il a pour seul but de faire plaisir au spectateur. Principalement inspiré du giallo, parfois un peu du cinéma japonais, LAST CARESS est un amalgame de références au cinéma bis. Les couleurs et l’esthétique de la photographie semblent tout droit tirées des travaux picturaux de Dario Argento. L’intrigue principale s’inspire essentiellement de TORSO (Sergio Martino), à la seule différence qu’ici au réveil de l’héroïne, nous avons déjà pu apprécier toutes les mises à mort des autres protagonistes. Les séquences de meurtre sont différentes les unes des autres évitant le défaut de la redondance : étranglement au câble, décapitation au fusil à pompe, découpage au couteau, écrasement au gantelet hérissé de pointes – sorti tout droit de LA MORT CARESSE A MINUIT de Luciano Ercoli – , etc. La variété des séquences multiplie d’autant plus la richesse du spectacle qu’offre le film : scène d’invocation de l’esprit d’une sorcière, des intrigues érotiques assez décomplexées, une ironie mordante qui se dégage de certaines situations, la présence du tableau d’un ancêtre accompagnant un semblant de malédiction – une référence au giallo gothique LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS – et une fin aux grandes influences fulciennes – escalier en spirale, lieu intemporel…

Si l’on peut se poser la question de l’intérêt d’un tel film, elle n’a pas lieu d’être car au delà du jeu de références et de l’esprit totalement barré du film, il n’y a pas grand chose à retirer du métrage. A ce cinéma de la référence se juxtapose l’idée d’un cinéma fétichiste. Doublement fétichiste donc, puisque le giallo l’est déjà par ses propres codes. Cuir, tueurs masqués, femmes nues, armes plus ou moins blanches, meurtres, machisme apparent, jusqu’à une inversion des rôles dans le final, tous les clichés sont présents, sans compter quelques petits effets garantis « french touch ». Il y a même dans le film une sorte de coup de mou qui semble un peu hérité de ce cinéma populaire. Entre la quarantième minutes et la première heure de film, la tension baisse et laisse place à des scènes de dialogue ou d’érotisme avant de se raviver dans un final haut en folie.

Ce qui est le plus drôle et le plus intéressant dans ce film, c’est de voir comment les réalisateurs sont parvenus à faire tenir en un seul film cohérent des éléments d’œuvres très différentes en termes d’ambiance ou de scénario : LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS, TORSO, LE COUVENT DE LA BÊTE SACRE et L’AU DELA, pour ne citer qu’elles, mais d’autres sont évoquées tout au long de l’histoire. De plus, la violence excessive de certains passages et la propension à se laisser aller à quelques futilités sexuelles ne sont pas sans faire penser à LA CLINIQUE SANGLANTE. Grande demeure, meurtre originaux – vierge de fer, épée –, personnage nymphomane, scène de masturbation, etc…LAST CARESS rappelle beaucoup ce film pour l’articulation du sexe et de la violence que Fernando Di Leo appréciait particulièrement.

Le jeu des interprètes est assez bon une fois que l’on est rentré dans l’histoire et les dialogues sont parfois drôles. La caractérisation des personnages est d’une autre façon bien trouvée même si pas assez originale : la palme revient sans aucun doute à cette blonde muette, mais il ne faudrait pas oublier l’espèce de nymphomane, le gros, la brune descendante d’une sorcière et le jeune homme efféminé. En même temps, devant un film comme ça, les personnages se devaient d’être des sortes d’archétypes, afin de pouvoir jouer ensuite sur leurs particularités. Enfin, la musique apporte une sorte de modernité au film en s’inspirant à la fois de compositeurs italiens et de rythmiques plus actuelles.

En conclusion, LAST CARESS possède les limites inhérentes au genre de film dans lequel il s’inscrit : un manque d’originalité important, mais un assemblage de références habile et une générosité dans le sexe et le sang sans égal. C’est d’ailleurs tout ce qu’affichait le film, rien de plus. En cela, il remplit très bien son rôle et le spectateur, connaisseur ou non du giallo, appréciera cette œuvre qui en met plein la vue.


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- Article rédigé par : Alexandre Thevenot

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