Le Cauchemar de la Sorcière

Un texte signé Michaël Guarné

USA - 2005 - Stuart Gordon
Titres alternatifs : Dreams in the Witch House
Interprètes : Ezra Godden,Chelah Horsdal, Susan Bain, Jay Brazeau

Alors qu’on l’annonce déjà pour la saison 2 avec l’adaptation de la nouvelle The Black Cat de Poe, Stuart Gordon ajoutait l’année dernière sa première pierre à l’édifice « Masters of Horror ». DREAMS IN THE WITCH-HOUSE rend hommage à l’oeuvre éponyme d’un maître incontesté de l’horreur : H.P. Lovecraft. Le réalisateur n’est d’ailleurs pas novice en la matière puisqu’on lui doit entre autre DAGON, CASTLE FREAK et RE-ANIMATOR, qui furent à la base créés par l’auteur de Cthulhu.
Nous suivons ici les péripéties de Walter Gilman, étudiant louant une chambre vieillotte dans une vulgaire pension de la ville d’Arkham. Espérant néanmoins trouver le calme afin d’avancer dans sa thèse, Walter se rend vite compte que ses recherches sur des dimensions parallèles ont un lien direct avec la pièce dans laquelle il vient de s’installer. Hanté par des cauchemars mettant en scène une femme démon et un rongeur à tête humaine, le thésard commence à se poser de sérieuses questions, surtout quand la sorcière en question l’invite à sacrifier Dany, le bébé de la voisine…
Les acteurs principaux sont bien rentrés dans leurs personnages. Ezra Godden, déjà présent dans DAGON, joue d’une manière assez distante et froide, un peu comme Christian Bale dans THE MACHINIST. Tous deux ont du mal à affronter la réalité et sont perdus dans leur petit monde. Walter est ainsi passionné par un sujet qui n’intéresse personne d’autre que lui, comme le souligne cette séquence où Frances Elwood, la mère de Dany, fait l’erreur de lui demander en quoi consistent ses recherches… La charmante Chelah Horsdal, qu’on peut voir (ou ne pas voir…) dans X-MEN 3, s’en tire plutôt bien elle aussi.
Le déroulement de l’histoire est somme toute assez convenu. On sait bien qu’il y aura un sacrifice humain. On se doute vite que Frances ne verra pas le mal qui la guette, et que Walter, ayant déjà des difficultés à surmonter ses propres peurs, ne pourra pas la raisonner quant aux choses à venir. Et c’est d’ailleurs peut-être sur ce point que l’horreur prend forme. Les personnages sont comme impuissants voire incapables de changer le cours des évènements, ce qui ne peut bien entendu que mal finir… L’aspect cyclique du film (le premier plan renvoyant au dernier) ne fait d’ailleurs que renforcer l’idée qu’aucune échappatoire n’est possible. La mise en scène, très posée, est parfaitement efficace. Ainsi, même les scènes inhérentes au genre (comme celle où Walter est amené à regarder en-dessous de son lit…) fonctionnent.
En fin de compte, Stuart Gordon fait une fort belle entrée dans la série des Masters of Horror. DREAMS IN THE WITCH-HOUSE, loin de révolutionner le genre horrifique, lui fait largement honneur de par son ambiance lourde et pesante.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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