Le Chant de la Colère

Un texte signé Patryck Ficini

- Perkins H.T.
Titres alternatifs : Bute-le et balance le corps aux alligators !

Un titre qui évoque une scène sympa d’un roman qui n’en manque pas !
H. TREMESAIGUES, alias H. T. PERKINS, utilise pour une fois un autre héros que son BARON, qu’on apprécie ici. Peu importe, LE CHANT DE LA COLERE est un réjouissant roman d’espionnage publié au CARIBOU (sans date), où des espions de Cuba veulent fomenter une guerre raciale aux Etats-Unis en opposant le Ku Klux Klan aux Blacks Muslims. Ce plan machiavélique rappelle les projets délirants d’un CHARLES MANSON en 68. Le méchant en chef est un métis rejeté par les deux ethnies, et désireux d’une sanglante revanche sociale. On n’est pas loin de DJANGO avec les deux camps opposés, et le chef du K.K.K. évoque un MAJOR JACKSON de sinistre mémoire. Une scène de duel au fouet fait même songer au TEMPS DU MASSACRE, le fameux western ultra violent de LUCIO FULCI.. Le contexte est très sérieux, on le voit, et loin d’être inintéressant, même si le but de TREMESAIGUES est avant tout de livrer un récit au rythme très soutenu, bourré de bagarres et de traquenards. Dommage que MICHEL PRICE, le héros, s’y fasse sans cesse assommer. C’est tellement fréquent que cela en devient presque du comique de répétition. Ce qui n’est pas sans nuire à l’image de super espion qu’on attend d’un tel personnage. Très bonne scène cependant que celle où il est confronté, attaché, à un serpent venimeux. Une scène qui en rappelle un autre de LA PRETRESSE DU DIABLE, mais qui évoque surtout celle, plus célèbre, de la mygale de JAMES BOND CONTRE DOCTEUR NO (un scolopendre dans le roman de FLEMING). PRICE n’échappe à la mort que par la grâce d’un gadget bondien : une montre-scie (007 n’aura droit à sa version améliorée qu’en 1973, pour VIVRE ET LAISSER MOURIR).
A part une toubib très sexy, notons un personnage de nymphomane masochiste et camée (ce qui fait beaucoup), qui trouvera cependant une belle mort dans les bras de l’agent secret. Sans voir de la misogynie partout, reconnaissons que le roman de gare est souvent peu tendre avec la gent féminine. Entre les femmes fatales et les victimes désignées… Heureusement qu’il y l’inévitable super-mec pour relever le niveau ! Heureusement aussi que la même époque vit la naissance de MODESTY BLAISE, LA LOUVE (incarnée par la magnifique DANIELLE GAUBERT au cinoche)ou EMMA PEEL.
LE CHANT DE LA COLERE est vraiment un bon TREMESAIGUES, un auteur finalement plus surprenant qu’on pourraît l’imaginer, même si son traitement du racisme (un noir accusé d’avoir violé une blanche va être lynché par les klanistes) est bien sûr loin des ambitions d’un VERNON SULLIVAN. On trouve très facilement ses petits romans en vente sur le net, et l’on aurait tort de se priver de ces sympathiques morceaux de littérature bis. Tant pis aux grincheux qui parleront de degré 0 de la littérature d’évasion. Ils rateront quelque chose.

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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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