Le Colt du Révérend

Un texte signé Patryck Ficini

Italie-Espagne - 1971 - Leon Klimovsky
Titres alternatifs : Reverendo Colt
Interprètes : Guy Madison, Richard Harrisson, Perla Cristal, Steven Tedd, Maria Martin, Chris Huerta...

Miller Colt a troqué son arme (enfin, presque) pour la bible : le chasseur de primes redouté est devenu révérend. Il protégera néanmoins des voyageurs d’une bande de brigands qui les assiègeront sans pitié dans un fort abandonné…
Leon Klimovsky n‘a pas une très grande réputation, ni dans le bis ni dans le cinéma en général. Et pourtant, l’ex-dentiste argentin fut un excellent technicien, comme l’attestent LA FURIE DES VAMPIRES, pour Paul Naschy, ou ce REVERENDO COLT de 1971. Oubliée la réalisation timorée, à l’américaine de son BILLY LE KID, 10 ans plus tôt. Klimovsky a ici parfaitement assimilé le style italien tout en bénéficiant d’un très bon scénario à l’américaine mais avec des éléments bien italiens (le bandit mexicain par exemple, encore que son origine remonte sans doute à des films comme les 7 MERCENAIRES). Un scénario qui voit un groupe de personnages attachants et tous admirablement caractérisés, assiégés par une horde de bandits. A la tête de ces derniers, le Métis, une sorte d’ « Indio » au look impeccable mais malheureusement extrêmement fade. En vérité, le méchant est le seul gros point faible du film.
Klimvosky avait déjà réalisé au moins un vrai western spaghetti avec QUELQUES DOLLARS POUR DJANGO – en fait, peut-être réalisé par Castellari alors à ses débuts, de l’aveu même du grand réalisateur de KEOMA. Le résultat s’avérait nettement moins enthousiasmant malgré le respect des clichés du genre. Cela par la grâce, répétons-le, d’un super scénario pour ce dernier film avec Guy Madison. Madison, vedette américaine venue tenter sa chance en Italie, était un très bon acteur : remarquable en méchant de 7 WINCHESTERS POUR UN MASSACRE, il est tout aussi bon en héros du COLT DU REVEREND. Le révérend, ex chasseur de primes hanté par son passé, c’est lui ( il avait tenu un rôle similaire dans LE RETOUR DE DJANGO, 4 ans auparavant… comme bien d’autres à commencer par le Mitchum de CINQ CARTES A ABATTRE ou le John Ireland de PISTOLETS POUR UN MASSACRE). Madison prête sa belle gueule de cinquagénaire en forme et sa classe naturelle à ce héros attachant par l’honnêteté et la profondeur de sa conversion à la prêtrise. Des flash-backs nous l’apprennent : c’est pour venger son révérend de père assassiné qu’il a d’abord choisi les armes et c’est suite à la mort d’un gamin innnocent, au moment de sa revanche, qu’il a épousé la cause de Dieu.
Autre atout du COLT DU REVEREND : un Richard Harrisson épatant de drôlerie et de virilité (malgré sa calvitie). Lui aussi beaucoup critiqué, Harrisson n’en eut pas moins une sacrée carrière (lire le Monster-Bis qui lui fut consacré), passant avec aisance du péplum au western, puis au polar spaghetti et au film de ninjas (pas les meilleurs, c’est vrai). L’amateur de Bis ne peut qu’aimer Harrisson, ici drôle et décontracté, à mille lieues de son rôle à la Franco Nero de AVEC DJANGO LA MORT EST LA. Et même, dommage qu’on ne lui ait pas accordé davantage qu’un rôle secondaire. C’est un crime que de ne pas le faire participer au gunfight final…
Signalons aussi une très belle musique de Gianni Ferrio sous pseudo (selon Jean-François Giré), qui donne un cachet supplémentaire au film. Un film qui a le courage, en pleine période post-Trinita, d’être sérieux, dramatique et drôle en même temps. De l’humour oui, du gros comique qui tache, de la vulgarité, non.
Merci, M. Klimovsky. La qualité de son film le place à des années-lumières, qualitativement parlant, de la méchanceté gratuite avec laquelle Jean Tulard le traite dans son Dictionnaire des Réalisateurs. Mais dans certains milieux cinéphiles et à une certaine époque, encore davantage qu’aujourd’hui, la condescendance et le mépris étaient de mise pour parler de nos « obscurs » préférés…


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà


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