retrospective

Le Combat des Maîtres

Deux ans avant le fameux LA 36è CHAMBRE DE SHAOLIN, un de ses films les plus connus à présent, Liu Chia-liang réalise LE COMBAT DES MAITRES, œuvre qui imposera au devant de la scène le demi-frère du réalisateur : le bien nommé Gordon Liu, de son vrai nom Liu Chia-hui. Tout comme MARTIAL CLUB, ce film met en scène Wong Fei-hong, maître d’arts martiaux chinois maintes fois repris dans le cinéma hongkongais (citons la saga IL ETAIT UNE FOIS EN CHINE avec Jet Li ou bien encore les DRUNKEN MASTER avec Jackie Chan).
Gordon Liu campe ici un Wong Fei-hong plutôt espiègle et fougeux qui ne demande qu’à apprendre le kung-fu. Mais son père, propriétaire d’une des plus célèbres écoles de kung-fu de Canton, préfère tenir son fils éloigné des combats. Il finit néanmoins par changer d’avis lorsque son école se voit humiliée en partie à cause de son rejeton lors d’une festivité traditionnelle locale…
LE COMBAT DES MAITRES se laisse plutôt bien regarder en dépit d’un certain classicisme. En effet, difficile d’échapper aux phases inhérentes au film de kung-fu : l’humiliation, le long apprentissage de l’élève auprès de son maître (il étudie pendant des mois des techniques de boxe et le bâton) et enfin, le retour de l’élève qui peut racheter son honneur et s’affirmer grâce à ses connaissances martiales. Cela dit, ces différentes phases s’enchaînent assez naturellement et le spectateur s’attache sans trop de problème au personnage de Gordon Liu.
Le ton du métrage est quant à lui relativement sérieux. La violence physique des affrontements n’est pas aussi crue que dans L’EXECUTEUR DE SHAOLIN ou dans LES 8 DIAGRAMMES DE WU-LANG, le réalisateur préférant insister sur l’apprentissage de Wong Fei-hong. Il met ainsi en exergue la progression du personnage qui se transcende pour être meilleur, que ce soit au combat ou dans la vie en général. Wong Fei-hong s’exerce donc longuement au bâton ; de nombreuses séquences le montrent en train de faire tourner son arme autour d’un bol enfoncé dans un bout de boit, le but étant de ne pas casser l’ustensile. Autre scène qui revient souvent : celle des rondins de bois, dans laquelle Wong Fei-hong et son maître s’en donnent à cœur joie sur lesdits rondins.
On reconnaît bien là le propos de Liu Chia-liang vis-à-vis des arts martiaux : combattre pour soi, pour son bien-être, et non pour tuer comme ce fut souvent le cas chez l’auteur de LA RAGE DU TIGRE. Pour son deuxième film, l’ancien chorégraphe de Chang Cheh signe donc un bon film, une œuvre positive axée sur le pardon et non sur la vengeance. Les amateurs jetteront également un œil à sa suite, MARTIAL CLUB (1981), qui s’inscrivait dans la mouvance ‘kung-fu comédie’ initiée par Liu Chia-liang, avant d’être reprise plus tard par Jackie Chan.

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