Un texte signé André Quintaine

Italie - 1976 - Dario Donati
Titres alternatifs : La Monaca nel Peccato, Convent of Sinners
Interprètes : Eva Grimaldi, Karin Well, Gabriele Gori, Gilda Germano, Mari Pia Paris, Martin Philip, Gabriele Tinti

retrospective

Le Couvent des Pêcheresses

Susanna, violée par son père adoptif, est envoyée dans un couvent. Elle s’y fait ouvertement «draguer» par la mère supérieure, qui en fait sa protégée. Susanna repousse néamoins ses avances par souci de conserver son innocence. Theresa est l’ancienne protégée évincée de la mère supérieure. Jalouse, elle fait en sorte que Susanna soit considérée comme une nonne possédée. Susanna, de son côté, trouve un allié en la personne du jeune prêtre du couvent. Ils font même l’amour ensemble. Mais Susanna ne peut rien faire contre Theresa qui devient la nouvelle mère supérieure alors que l’ancienne, malade, est clouée dans son lit. Susanna compare seule contre tous devant un tribunal. Même le prêtre nie l’avoir aimée, de peur de perdre ses avantages.
LA MONACA NEL PECCATO ne laisse place à aucune surprise quant à sa qualité. Avec Joe D’Amato (sous l’un de ses pseudonymes) à la photo, nous ne pouvions pas espérer autre chose qu’un film dit de «sexploitation». La première scène nous plonge tout de suite dans l’ambiance. Susanna, en effet, est violée par son père adoptif. Violence, tabou et voyeurisme (gros plans sur les poils pubiens) sont les ingrédients, non seulement de la scène, mais également de tout le film.
A aucun moment, LA MONACA ne cherche à faire dans le témoignage historique. Il préfère largement mettre en scène des nonnes frivoles, plus ou moins avides de sexe. Même s’il ne choque pas, il est fortement blasphématoire, puisque son propos se limite à montrer des filles nues. LA MONACA ne tient pas la comparaison avec IMAGINY DI UN CONVENTO par exemple de Joe D’Amato (critique dans le prochain numéro). Ce film-là exploite à fond le côté exhibitionniste de nonnes en pleine copulation. LA MONACA reste, dans ce domaine, nettement plus sobre. Il y a cependant une scène assez forte où Susanna fait l’amour avec le prêtre, entre des barreaux, tous deux habillés (rendant donc la scène plus blasphématoire). Mais la scène la plus osée reste celle du bain. Toutes les nonnes nues rient aux éclats et se lavent sans complexe devant la caméra. Une caméra ultra voyeuriste, se dirigeant de gauche à droite lentement, comme quelqu’un qui se cache pour les épier. Le spectacle est naturellement fort agréable, d’autant plus que les filles sont splendides. L’érotisme s’empare de nombreux sujets, comme par exemple, une nonne, visiblement nymphomane, qui se masturbe contre une statue. Ou encore celle de l’arrivée de Susanna dans le couvent. On la déshabille lascivement sous les yeux fébriles des autres nonnes. Sinon, en dehors de Susanna qui est plus souvent nue que vêtue, il n’y a, en fait, pas grand-chose d’autre, si ce n’est beaucoup de bavardages qui ne mènent nulle part. Cela laisse le spectateur forcément sur sa faim, puisque le film n’est satisfaisant, ni sur le plan érotique, ni sur celui de la réalité historique.
Le film est cependant intéressant sur certains points. Dans LA MONACA, le sexe intègre la vie quotidienne des nonnes. Elles s’amusent, entre autres, à laver le valet nu dans une baignoire. Quand elles parlent de sexe (ce qui arrive souvent), c’est pour en rire à la manière d’un enfant, comme lorsque l’une d’elles se travestit en homme et simule une érection sous son pantalon. Le sexe reste très enfantin, interdit et inconnu pour les nonnes. En dehors de la mère supérieure, de Theresa et d’Agatha (celle qui se masturbait contre la statue), aucune autre ne commet le péché de chair.
L’autre idée intéressante de LA MONACA est de montrer des nonnes frustrées et méchantes, faisant tout pour discréditer Susanna. Elles sont censées honorer Dieu alors qu’en fait, elles ne sont en rien les représentantes parmi les hommes de sa bonté. Tous, aussi croyants soient-ils, sont ignobles et menteurs. L’exorciste, par exemple, veut faire croire que Susanne est possédée. Subrepticement, il chauffe une croix sur le feu et la lui tend. Naturellement, elle s’y brûle et lui, a ainsi la preuve de ses propres dires. Ce même exorciste, pour chasser le Démon, n’hésite pas à lui faire un lavement vaginal. Les punitions par flagellation sont également nombreuses. Susanna, elle, par contre, a connu l’acte sexuel, mais elle a également aimé (même si c’était un prêtre), et c’est cela qui la rend plus fidèle à Dieu que les autres. C’est la même chose pour la mère supérieure. Elle est pleine de bonté car elle est amoureuse de Susanna. L’une des remarques de Susanna est intéressante : elle se compare à Jésus et assigne aux nonnes le rôle des juifs qui l’ont crucifié.
LA MONACA, comme beaucoup de films du genre, démontre que ce n’est pas par l’abstinence que l’on peut honorer Dieu. Il n’y a que l’amour pour rendre les gens plus proches de Lui. Mais LA MONACA passe sa «réflexion» au trente-sixième plan et préfère dénuder des femmes. De plus, le film souffre d’une certaine pauvreté qui le discrédite encore plus. Même s’il reste un bon divertissement (rares sont les films de «nonnes au couvent» vraiment mauvais), l’intérêt de LA MONACA n’atteint aucune haute sphère.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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