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Le Horla

Un homme est hanté par les visions d’une créature, créature qui semble prendre de plus en plus possession de son corps et son esprit.
Ce court-métrage de Viktor Alexis est inspiré du célèbre récit de Maupassant. Ou, pour être plus précis, il est inspiré par une partie du récit. En effet, la première scène du court-métrage a repris de près la visite du narrateur de Maupassant au Mont-Saint-Michel. A partir de là, Viktor Alexis raconte sa propre version du Horla.
Il est inévitable pour ceux qui sont familiers avec l’œuvre littéraire de regretter l’absence de certaines scènes-clés. Ainsi, la séance d’hypnotisme de la cousine fut abandonnée. La mort accidentelle des domestiques fut omise, ce qui s’avère très regrettable, d’autant plus qu’elle symbolisait chez Maupassant l’apogée de la tragédie qui n’atteignait pas seulement le narrateur mais également les gens autour de lui.
Ce qui reste chez Viktor Alexis est un poème visuel. Rien n’est vraiment traduit (Maupassant donnait une explication possible pour la provenance du Horla) et tout n’est exprimé que par des regards et des images. Hormis quelques lignes de dialogues au début, LE HORLA ne nous livre par-ci par-là que quelques explications du narrateur en voix-off.
Cependant, même si on ne sait pas qui est le Horla ni d’où il vient, Viktor Alexis traduit magnifiquement en images l’angoisse et la peur qui lentement oppressent le héros jusqu’à sa fin inévitable. LE HORLA nous ouvre même une porte là où Maupassant voulait être plus clair sur ses intentions. Si l’écrivain laisse peu de doute sur le fait que le Horla existe en tant qu’entité réelle, le réalisateur nous laisse dans le noir quant à la réalité de ce qui est perçu. Finalement, le Horla peut tout à fait n’exister que dans l’imagination du narrateur.
Les images d’une femme (on ne sait pas vraiment qui elle est) pourraient nous orienter vers une histoire d’amour mal finie, justification possible de l’état d’âme assez fragile de l’homme.
Techniquement, on peut sans hésitation dire que Viktor Alexis a su tirer un maximum des moyens mis à sa disposition. Il possède un véritable don pour créer une atmosphère angoissante et les apparitions du Horla parmi les ruines s’avèrent assez efficaces. Si on devait porter une critique, cela serait pour une scène finale trop longue. Voir le sort du héros étiré à n’en plus finir en amoindrit l’impact, et s’il n’y a rien à dire à propos de la performance de Thomas Cerisola, sa mort risque de provoquer un sourire ou deux, tant elle paraît exagérée et grotesque après quelques minutes.
Ceci reste néanmoins le seul point négatif dans une œuvre somme toute très satisfaisante. Les puristes peuvent s’attarder sur les différences entre le film et sa source. Cependant, il faut féliciter Viktor Alexis de n’avoir pris qu’une partie du récit et d’en avoir fait quelque chose de plus épuré, de plus vague et en même temps de plus onirique.

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