Le Jour des Morts-Vivants 2 : Contagium

Un texte signé André Cote

USA - 2005 - Ana Clavell, James Glenn Dudelson
Titres alternatifs : Day of the dead 2 : Contagium
Interprètes : Laurie Baranyay, Stan Klimecko, John Freedom Henry, Justin, Julian Thomas.....

Les patients d’un hôpital psychiatrique se retrouvent contaminés par un container radioactif qui aurait été à l’origine d’une épidémie des années auparavant.
A la vue de ce second opus tardif (le premier datant tout de même de 1985) de la saga zombiesque de Romero, nous serions en droit de se poser des questions quant aux intentions des réalisateurs, producteurs et scénaristes Ana Clavell et James Glenn Dudelson. Premier point sur lequel il faut se pencher : la relation de ce métrage avec les précédents. Le DAY OF DEAD original (LE JOUR DES MORTS-VIVANTS) n’est pas le premier volet d’une série mais la conclusion d’une trilogie initiée par NIGHT OF THE LIVING DEAD (LA NUIT DES MORTS VIVANTS) en 1968 et poursuivit dans DAWN OF THE DEAD (ou ZOMBIE en VF) en 1978. En cela, la saga de Romero se singularisait par le développement non pas de personnages mais d’un univers parallèle où « les morts reviennent à la vie » (dixit l’affiche de ZOMBIE).
Ainsi, ce DAY OF DEAD 2 ne peut être pris pour une séquelle mais plutôt un spin-off de cette saga en raison de son intention de « prolonger » le récit d’un métrage (voire de créer une nouvelle franchise puisqu’il fut un temps question d’un DAY OF DEAD 3) en enrichissant indirectement l’œuvre originale : l’existence des containers radioactifs comme source de l’épidémie. Malheureusement, qu’elle n’est pas notre déception en constatant la tendance « régressive » du pitch sur l’évolution de la trilogie : nous nous retrouvons dans un monde similaire au nôtre où, semble-t-il, aucun signe de zombification n’a été signalé, soit une situation bien plus proche de LA NUIT que du JOUR. Rappelons que dans ce dernier, l’humanité était résumé à une poignée de survivants. Ce statut de pseudo-séquelle (qui ne reprend d’ailleurs aucun personnage de la saga) se révèle d’autant plus problématique que, suite au succès du remake de DAWN OF DEAD (remake titré L’ARMEE DES MORTS en France) un projet de « remaker » le premier DAY OF DEAD est en pourparlers.
Dès lors, cette déception sonne comme une frustration lors de notre prise de conscience de cette régression par la construction même de l’intrigue : le pré-générique nous dévoile en fait le dernier acte du métrage… ce que l’on devine aisément dès le début avec cette indication « cinq jours plus tôt » au plan suivant. Une scène similaire, chez Romero, aurait lancé l’intrigue du métrage, montrant les protagonistes évoluaient dans un monde peuplé de mort-vivant : tel est le cas dans ZOMBIE où l’état d’alerte est antérieur au film, ce qui motive l’assaut des forces de police à Harlem, soit sa fameuse scène d’ouverture. Ici, DAY OF DEAD 2 se perd dans de multiples sous-intrigues qui ne servent qu’à rallonger la durée du film : les tribulations des patients (interprété par des acteurs des plus cabotins) qui s’évertuent à faire ce que bon leur semble à l’insu de tous, les problèmes des docteurs… Toutefois, peut-être est-ce là que se situe l’écho de la saga de Romero : en faisant d’un des patients l’origine de la contagion, le scénario ne voulait-il pas simplement émettre une critique de ses hôpitaux psychiatriques ? Ses handicapés mentaux sont ainsi l’équivalent des Noirs dans la saga originale : « ghettoïser » l’un dans un hôpital, l’autre dans un quartier.
Malheureusement, les réalisateurs préfèrent aligner leur mise en scène sur les critères des films d’horreurs et d’actions contemporains (gros plans tremblotant, montage surdécoupé…) plutôt que de copier les cadrages de Romero qui posait une atmosphère calme d’où émergeait une tension latente. Un parti-pris qui ne rend pas justice à l’apparition d’une créature qui ressemble à une sorte de super zombie. De tel choix qui dénotent du manque de rigueur artistique de l’entreprise, d’autant plus regrettable que, techniquement, le film a de bonne bases : photographie soignée, décors convaincants… Il est simplement dommage que la direction adoptée ait été celle de la comédie (des plus lourdes d’ailleurs) plutôt que du thriller.
Vu la réputation de leur référence, nous avons l’impression que les responsables de DAY OF DEAD 2 ont eu les yeux plus gros que le ventre : incapable de hisser à la hauteur de leur modèle, ils changent de cap et peinent difficilement à contenter l’amateur de film d’horreur au détour de deux ou trois scènes. Le pire étant les allures de RESIDENT EVIL version cheap pris par le métrage par l’apparition de ce zombie sur-développée et à l’opposé de l’esprit de la saga de Romero. A oublier très vite.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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