Le monstre des abîmes

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1958 - Jack Arnold
Titres alternatifs : Monster on the Campus, Monstre dans la nuit
Interprètes : Arthur Franz, Joanna Moore, Judson Pratt, Nancy Walters, Troy Donahue, Phil Harvey

Le professeur Donald Blake, paléontologue, reçoit un spécimen fort bien conservé de coelacanthe à l’université où il enseigne. L’arrivée de cette créature issue de la préhistoire déclenche rapidement une série d’incidents. Tout d’abord, le chien d’un étudiant lape une flaque provenant du container où ce poisson de grande taille est conservé, suite à une décongélation trop rapide du réceptacle. Le berger allemand montre alors des signes d’agressivité et il est mis en observation. Puis, c’est au tour d’une libellule infectée d’être atteinte de gigantisme.
Mais plus grave, Blake se blesse en déplaçant le coelacanthe, une entaille à la main apparemment anodine qui va cependant modifier son existence. Cette fois, la contamination (due à une bactérie) aura pour effet de faire régresser le scientifique en homme de la préhistoire, qui plus est animé de pulsions meurtrières. Une malheureuse infirmière sera ainsi sauvagement assassinée. Les policiers chargés de l’enquête trouvent des indices innocentant Blake, lui-même n’ayant aucun souvenir de son forfait, ni de sa mutation…
Lorsqu’il réalise « MONSTER ON THE CAMPUS » en 1958, Jack Arnold est loin d’être un inconnu. Au contraire, il figure parmi les meilleurs cinéastes de séries B dans le domaine du fantastique, suite à des films marquants tels « LE METEORE DE LA NUIT » (1953), « L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR » (1954), « TARANTULA » (1955) et « L’HOMME QUI RETRECIT » (1957). A l’instar de la fameuse créature du lac noir, l’infortuné héros mutant en homme des cavernes dans « MONSTER ON THE CAMPUS » représente une autre façon d’aborder le thème du chaînon manquant de la part du réalisateur. Pour Jack Arnold, il s’agit également de mettre en garde l’humanité contre les dangers de la science, un créneau qui fut largement abordé par les metteurs en scène américains durant les années 1950.
Au niveau de la forme, la mutation du scientifique possède bien des points communs avec la lycanthropie. D’une part, les transformations sont provisoires, et d’autre part la victime ne conserve aucun souvenir de ce qu’elle a commis durant ses phases de mutation. Le comportement de l’homme préhistorique, limité à la simple bestialité, rappelle également celui du loup-garou dans bon nombre de films. Au niveau des effets spéciaux, on peut penser qu’ils sont assez « ringards » pour l’époque ; on est plus proche, il est vrai, des maquillages de la période Universal que celle de la Hammer. Cela n’atténue pas le côté sympathique ce cette œuvre, certes mineure au regard d’autres films de Jack Arnold, mais pas inintéressante pour autant. « MONSTER ON THE CAMPUS », de par son titre, son sujet et son traitement, est un produit typique du cinéma destiné à l’époque au public des « drive-in », en recherche de films à la fois kitsch et distrayants.
Au sein du casting, le rôle principal est tenu par Arthur Franz, qui fut un acteur renommé aux Etats-Unis essentiellement durant les années 50/60. Il fut par exemple la vedette d’un classique de la science fiction : « LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE ». Après deux décennies bien remplies, il se tourne plus vers la télévision, mais on le retrouvera occasionnellement au cinéma, notamment dans « SISTERS OF DEATH ». A ses côtés, on retrouve en majeure partie des acteurs qui tourneront exclusivement, ou presque, dans des séries TV. On peut signaler également la présence d’un tout jeune Troy Donahue (« ROCKET TO THE MOON », « SEIZURE LA REINE DU MAL »), qui jouera dans bon nombre de séries Z à l’aube des années 1980.
Comme beaucoup de films fantastiques/SF de cette époque, « MONSTER ON THE CAMPUS » comporte ses défauts, mais il convient d’être indulgent, dans la mesure où il conserve un charme naïf plutôt agréable. Cela dit, il serait exagéré d’intégrer ce film parmi les meilleures œuvres de Jack Arnold .


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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