Le Monstre du Château

Un texte signé André Quintaine

Italie, Espagne - 1970 - José Luis Merino
Titres alternatifs : Il Castello dalle porte di fuoco, Blood Castle
Interprètes : Erna Schürer, Carlos Quiney, Agostina Belli, Enzo Fisichella

Une très belle jeune femme est également biochimiste, ce qui n’est pas très réaliste, mais ce n’est pas le sujet du film… Quoi qu’il en soit, elle débarque dans un château afin d’aider le châtelain a redonner vie à son frère, qui est mort brûlé vif. Son cadavre calciné a été conservé et nage dans une solution qui le maintient dans son état actuel – état qui ne va pas faciliter les choses. La biochimiste pense que ce sera difficile d’accéder à la demande de son hôte, mais que rien n’est impossible. Et puis, le poste est plutôt intéressant puisqu’elle sera logée, nourrie et qu’elle aura même droit à un intéressement sur les bénéfices.
Bon gré, mal gré, le film avance et des choses étranges se déroulent dans le château. Des meurtres ont lieu ! La jolie biochimiste fait également d’étranges rêves où elle se retrouve nue, enchaînée dans la crypte ! Plus étrange encore, personne n’en profitera pour abuser de son corps… Qui est cet individu qui commet ces meurtres horribles et qui semble lui vouer un étrange intérêt ? Serait-ce le frère de son hôte, atrocement défiguré ? Le fait que les événements insolites qui se déroulent au château ont également lieu les soirs de pleine lune signifierait-il que nous sommes en présence d’une forme incongrue de lycanthropie ?
Rassurez-vous, LE MONSTRE DU CHATEAU répondra à vos inquiétudes. Mais auparavant, il faudra traverser les 90 minutes de l’un des fleurons de « l’European Trash Cinema », pour reprendre le titre d’un fanzine qui avait fait les beaux jours de notre passion dans les années 80/90.
LE MONSTRE DU CHATEAU est à DANSE MACABRE et autres MASQUE DU DEMON, ce que ZOMBIE HORROR (Le Notti del Terrore, réalisé par Andrea Bianchi en 1981) est aux films de zombies transalpins. Un navet, terrible, mais également et surtout un ovni cinématographique qui inspire la fascination. Une fascination teintée de mystères… Comment un tel scénario, brassant dans toutes les directions, a-t-il pu voir le jour – et surtout, par quel miracle a-t-il pu sortir de l’imagination d’un être humain ? De quels moyens supplémentaires José Luis Merino aura-t-il eu besoin afin de mettre en image de manière crédible un sujet aussi saugrenu ? Quelles sont les différences entre le scénario et le film terminé ? Bref, tout comme le film de Andrea Bianchi, celui de José Luis Merino ne tient pas debout mais suscite forcément l’intérêt. L’énorme problème du MONSTRE DU CHATEAU est qu’il s’avère malheureusement un peu fade.
Le gothique auquel aspire le film se révèle peu enthousiasmant. Les décors ne sont pas mis en valeur et le secret qui pèse sur le château n’est pas assez exploité et ne revêt pas de véritables menaces. Les motivations des personnages semblent trop longtemps obscures et l’explication nous est assénée sans éclat. L’histoire, elle, est trop lunatique – comme si elle ne savait jamais vraiment trop quelle direction prendre. Sans compter que l’action est franchement soporifique, avec des scènes de dialogues interminables. Censées relancer le mystère autour du secret, elles finissent pas épuiser le spectateur. Le monstre, quant à lui, est effectivement monstrueux. Le maquillage est sans doute un peu simpliste, mais s’avère efficace.
Sur le papier, LE MONSTRE DU CHATEAU a tout pour être alléchant : château, mystère, monstre effrayant, lycanthropie… Au final, José Luis Merino démontre qu’il n’a pas la classe de Mario Bava ou de Antonio Margheriti. Son film a beaucoup plus tendance à vouloir s’inscrire dans « l’exploitation » que dans un gothisme raffiné. On retrouve d’ailleurs en tête d’affiche la jolie Erna Schürer, qui tiendra des rôles nécessitant un effeuillage, comme dans LES DEPORTEES DE LA SECTION SPECIALE SS ou NUE POUR L’ASSASSIN. Malheureusement, même dans ce domaine, LE MONSTRE DU CHATEAU pèche par avarice. Une avarice peut-être due à l’époque, puisque le film ne date que de 1970. De là à dire que le film de José Luis Merino était en avance sur son époque… pourquoi pas !


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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