Un texte signé Vincent Trajan

USA - 1953 - Curt Siodmak, Herbert L. Strock
Titres alternatifs : The Magnetic Monster
Interprètes : Richard Carlson, King Donovan, Jean Byron, Harry Ellerbe, Leo Britt, Leonard Mudie

Dossierretrospective

Le Monstre Magnétique

Dans les 50’s, le cinéma de SF américain bat son plein et on ne compte plus les films de monstres (LA CREATURE DU LAC NOIR, TARANTULA, ATTACK OF THE CRAB MONSTERS…) ou d’invasion extra-extraterrestre qui rivalisent de surenchères et de sensationnalisme (IT CONQUERED THE WORLD, THE GIANT CLAW…)
Or, contre toute attente, une réalisation va prendre les petits chemins de traverse afin de se démarquer des autres et mettre en avant un film de monstre… mais sans monstre ! Ce film c’est LE MONSTRE MAGNETIQUE.
Réalisé en 1953 par Herbert L. Strock et l’écrivain Curt Siodmak (qui a aussi écrit le scénario) sous la houlette du producteur Ivan Tors (DAKTARI, FLIPPER…), la pellicule relate les aventures d’enquêteurs scientifiques (les A-Men) mené par le Dr Stewart (Richard Carlson, vu notamment dans L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR), face à une menace invisible mais terriblement mortelle : d’étranges radiations. Le petit groupe devra donc faire face à cet ennemi insalissable et ô combien dangereux en en cherchant la cause avant de trouver un moyen sinon de l’éliminer, de le contrôler. Mais peut-on contrôler l’incontrôlable ?

Dès ses premières minutes, LE MONSTRE MAGNETIQUE se veut comme un film très sérieux avec l’utilisation d’une voix off pour (re)placer le sujet du danger des radiations dans le contexte du scénario et pour expliquer au spectateur les tenants et les aboutissants des agissements du Dr Stewart et de son équipe via un angle purement scientifique. Une manière assez habile de mettre un voile sur les faibles moyens financiers alloués par Ivan Tors (en évitant de montrer les images) tout en agençant directement le récit de manière réaliste. Un parti pris assez audacieux, mais payant !
Ainsi, Herbert L. Strock puis Curt Siodmak mettront souvent l’accent sur les avancées technologiques de l’époque (les ordinateurs, les microscopes électroniques, les sonars etc.) pour donner une teinte catastrophique voire même alarmiste au récit (la scène de la scission de l’atome).

Et même si LE MONSTRE MAGNETIQUE regorge de stock-shots, de scènes extérieures issues de plusieurs films (dont “L’Or” de 1934 de Serge De Poligny ainsi que sa version allemande “The Gold” de Karl Hartl) et que le réalisateur Herbert L. Strock a été remplacé en cours de film par Curt Siodmak, force est de constater que le métrage reste parfaitement cohérent (le travail de montage est remarquable).
Evidemment, on ne pas dire que le film mise sur ses scènes d’actions et un suspense haletant, mais force est de constater que la mise en équation de l’enquête scientifico-policière pour trouver la source des radiations monte crescendo tout au long du film et qu’elle tient bien la route et ce, même si on aura droit à quelques scènes assez convenues (lorsque les objets électriques s’animent seuls dans une petite échoppe, notamment…).
De plus, l’interprétation des acteurs (plus particulièrement celle de Richard Carlson) est elle aussi remarquable et retranscrit à merveille la qualité scénaristique du MONSTRE MAGNETIQUE qui s’interroge sur la place de l’atome – et plus largement du nucléaire – dans la société dite actuelle.
L’homme aurait-il engendré un monstre insidieux capable de le servir… mais aussi de le détruire ?

En définitive, LE MONSTRE MAGNETIQUE réussit donc le tour de force de se placer comme un film de SF digne de ce nom, en évitant tous les écueils du genre et en proposant un angle nouveau.
Malgré son maigre budget, LE MONSTRE MAGNETIQUE a su donc dépasser le cadre de ses propres contraintes financières et tirer son épingle du jeu vis-à-vis de la rude concurrence d’alors, grâce à un script habilement ficelé.
Presque 60 ans plus tard, le film de Curt Siodmak (et d’Herbert L. Strock qui a fait le plus gros du travail) reste encore comme un bon bol d’air frais dans la SF classique américaine…


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- Article rédigé par : Vincent Trajan

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