retrospective

Le pirate des mers du sud

Quatre ans après le succès de l’adaptation de L’ILE AU TRESOR, classique du swashbuckler littéraire de Robert Louis Stevenson et produite par Waly Disney, l’équipe se reforme pour offrir une nouvelle aventure à Long John Silver, créée de toute pièce par le scénariste Martin Rackin (auteur de quelques films mettant en scène Laurel& Hardy). Si le réalisateur Byron Haskin et le comédien Robert Newton (Long John Silver) rempilent, les producteurs changent et le rôle du jeune Jim passe des mains de Bobby Driscoll (revu dans la série RAWHIDE et disparu prématurément) au jeune Kit Taylor, pour des raisons évidentes de continuité. Tourné intégralement dans des paysages sauvages de l’Australie, le film s’avéra un tel succès qu’il sera suivi d’une série télévisuelle mettant en scène Robert Newton dans son rôle fétiche.
Végétant sur une île des caraïbes anglaises, Long John Silver apprend que son rival de toujours, le capitaine Mendoza, vient de s’emparer d’un bateau sur lequel voguait la fille du gouverneur. Jamais à l’abri d’un coup tordu, Silver convainc le gouverneur de le laisser mener à bien une mission de sauvetage. N’ayant plus rien à perdre, le représentant accepte. Alors que Silver mène à bien sa propre mission avec dans l’idée de se venger de Mendoza et de récupérer la cargaison qu’il transporte, il découvre que son ami, le petit Jim est non seulement retenu prisonnier sur le bateau, mais porteur d’un médaillon conduisant à un trésor. Complices, le vieux pirate et l’enfant se lancent sur la piste de ce trésor.
Couleurs flamboyantes, aventures rétros, combats bondissants, aucun doute, LE PIRATE DES MERS DU SUD est bien un blockbuster des années cinquante ! Si le film présente un scénario que d’aucun jugerait « bateau » (mais quoi de plus normal pour un film se passant en mer ?) de remake déguisé en suite, il parvient néanmoins à remplir un cahier des charges suffisamment exigeant pour qu’il n’ait pas à rougir de son prédécesseur produit par la major à tête de souris. Certes, les rebondissements à base de trahisons successives et les différentes rencontres avec de potentiels concurrents et autres danger ne sont pas d’une créativité folle, mais le film remporte l’adhésion grâce à un sens de la mise en scène acéré, des cadrages pertinent et une utilisation pragmatique des effets spéciaux (rappelons que Byron Haskin a démarré comme caméraman puis s’est spécialisé dans les effets spéciaux optiques avant de se tourner vers la mise en scène). Plus encore, c’est l’interprétation habitée (par son talent et l’alcool ingurgité en quantités telles qu’aucun pirate n’aurait pu le suivre) de Robert Newton en Long John Silver qui prend le spectateur par la main pour l’entraîner dans l’aventure comme le pirate le fait avec le jeune Jim. Et c’est là le point fort du film, prendre le spectateur par la main pour l’emmener dans des contrées qu’il pensait abandonnées pour toujours, celles de la prime enfance où l’on s’émerveille d’un rien et l’on s’imagine vivre d’incroyables péripéties. Si aujourd’hui, près de soixante-ans après sa réalisation, LE PIRATE DES MERS DU SUD apparaît daté, il faut aller chercher sa véritable fraîcheur dans la dimension onirique qu’il ouvre, propulsant le spectateur des années 2010 dans un véritable retour aux origines qui titillera la fibre nostalgique des plus grands et émerveillera les plus jeunes, même ceux qui ne jurent que par les jeux vidéo.

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