Un texte signé Patryck Ficini

Italie - 1967 - Osvaldo Civirani
Titres alternatifs : Il figlio di Django
Interprètes : Guy Madison, Gabriele Tinti, Ingrid Schoeller, Daniele Vargas

retrospective

Le Retour de Django

Le fils de Django (Gabriele Tinti) désire découvrir qui a fait assassiner son père dans le dos. Un prêtre (Guy Madison), ex-pistolero et compagnon du défunt, vient lui prêter main forte…
Gabriele Tinti, sans sa future femme Laura Gemser avec qui il tourna nombre de BLACK EMANUELLE, cela n’a rien d’engageant. Sans doute que la splendide indonésienne n’était même pas encore en Italie ! Tinti fait hélas preuve ici d’autant de charisme que dans les films érotiques de Joe d’Amato. C’est à dire aucun, malgré sa belle gueule. On dira ce que l’on voudra, mais davantage encore que d’un talent d’acteur, la classe naturelle était indispensable pour incarner brillamment un anti-héros du western spaghetti. N’est pas Franco Nero (voire Terence Hill ou Anthony Steffen) qui veut ! Gabriele Tinti, à la carrière pleine de séries B et Z, ne fut jamais un grand du genre. Il faut dire aussi qu’il s’agit apparemment de son unique western…
Plus intéressant, on trouve à ses côtés Guy Madison, une ancienne vedette du western américain de série B depuis un bon moment reconvertie en Europe. Même si sa réputation n’est pas sans tâches, on ne peut lui enlever cette présence qui fait tant défaut à son collègue Tinti. Madison a quelque chose dans le regard, une façon de se tenir, un professionnalisme évident lorsqu’il campe ce curieux pasteur habile au colt et qui prêche pourtant le pardon. Curieusement, il reprendra un rôle d’homme de Dieu dans LE COLT DU REVEREND de Léon Klimvosky. Hasard ou intérêt personnel ? Nous retiendrons surtout cependant son rôle de méchant dans 7 WINCHESTERS POUR UN MASSACRE de Enzo Castellari, où il éclipsait sans mal le fade héros dont on l’avait flanqué.
LE RETOUR DE DJANGO n’a évidemment rien à voir avec Django. Il ne s’agit ici, comme souvent, que d’une astuce commerciale – même si l’on a droit à une chouette chanson de Piero Umiliani, intitulée « They called him Django ». On a du mal à imaginer aujourd’hui, alors que le grand public gavé de superproductions américaines l’a complètement oublié, à quel point DJANGO eut du succès dans les années 60. Son nom était garant de recettes pour les producteurs italiens. Et même quand le titre original ne l’évoquait pas, les adaptateurs étrangers s’empressaient de le faire ! De même, l’irrespect systématique de tout droit d’auteur dans le cinéma-bis peut surprendre. Il témoignait d’une liberté (discutable, sans doute) impensable de nos jours, sauf peut-être dans certains pays en voie de développement.
Après ce « Fils de Django », Osvaldo Civirani, grand photographe à la carrière bis cependant peu excitante, récidiva plus tard avec… LES DEUX FILS DE TRINITA ! Un spécialiste des histoires de famille, donc.
Le vrai problème du RETOUR DE DJANGO, pas plus mal fait qu’un autre, réside dans son scénario absolument bateau et sans surprises. La vengeance n’y est jamais prenante et l’effet cathartique attendu est bafoué par une fin gentillette et moraliste. Et oui, les conseils du prêtre ont hélas portés !
A part la musique agréable d’Umiliani, parfois inadéquate, il n’y a quasiment rien à sauver dans ce minuscule western. Le pire étant encore, à part son extrême fadeur globale, une insupportable chanson de saloon. Signalons juste, par acquis de conscience et par honnêteté, un bon passage à tabac en pleine rue, plus long qu’à l’habitude. Le shérif trouillard se planque dans son bureau par peur d’intervenir ! Les représentants officiels de la loi n’eurent que rarement le beau rôle dans le western à l’italienne. Il fallut attendre le polar et ses super-flics incorruptibles pour que cela change.
Soyons francs : si le même film avait été tourné dix ans plus tard, avec Laura Gemser dans les scènes lascives et sensuelles dont elle avait le secret, eh bien il aurait pu être sauvé.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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