Le Retour de Zorro

Un texte signé Patryck Ficini

Etats-Unis - 1937 - William Witney et John English
Titres alternatifs : Zorro rides Again - Le Retour de Zorro/La Revanche de Zorro
Interprètes : John Caroll, Yakima Canutt, Duncan Renaldo, Noah Berry, Richard Alexander, Helen Christian, Reed Howes…

Des bandits accomplissent des actes terroristes pour forcer les Vega à vendre leur compagnie de chemin de fer. Heureusement, Zorro réapparaît pour faire triompher la justice !
Sergio Corbucci a dit un jour qu’un réalisateur, pour filmer une scène, criait « Action ! » et jamais « Parlez ! ».
Cette belle idée pourrait aussi définir le serial. Elle résume en tout cas parfaitement le travail des spécialistes William Witney et John English sur ce RETOUR DE ZORRO de 12 épisodes au rythme absolument trépidant.
Ca commence très fort par une série de sabotages spectaculaires pour ne jamais s’arrêter.
Le concept génial de ce RETOUR DE ZORRO est simple (encore fallait-il y penser !) : mélanger le film de gangsters contemporain et le western en oubliant le côté « cape et épée » du mythe de Zorro (qui ne porte ici ni cape ni épée !). On a donc droit à autant de chevauchées survoltées que de poursuites en train ou en voiture. Sans oublier un superbe bombardement aérien sur un train – une scène vraiment incroyable.
Les cascades et les bagarres sont littéralement palpitantes et, curieusement, n’accusent pas trop le poids des ans. LE RETOUR DE ZORRO a infiniment mieux vieilli que les Flash Gordon tournés à la même époque (pour cause d’effets spéciaux obsolètes).
Sans doute aussi parce que cadrages et montage sont constamment dynamiques et épousent totalement une action qui ne faiblit pas. Une ville est attaquée par les hors-la-loi ; Zorro s’empare d’une mitrailleuse (à la Django !) ; El Lobo va ouvrir les vannes d’un barrage ; il menace ses victimes de les marquer au fer rouge (style spaghetti !) ; Zorro court sur le toit d’un train… Et on en passe !
Pour certains critiques, les cascades de Jean-Paul Belmondo s’apparentaient à du cirque, pas à du cinéma. Qu’importe ! le cirque, avec ses acrobates, ses illusions et ses clowns est un art aussi admirable que le cinéma. Et c’est ce « cinoche », pour reprendre les affectueux propos de Bertrand Tavernier, qui trouva toujours les faveurs du public.
On ne peut que s’enthousiasmer devant les exploits de Bebel, Jackie Chan ou James Bond, comme il est impossible de ne pas faire corps avec ceux de Yakima Canutt, incroyable cascadeur qui double John Caroll dès qu’il revêt le masque de Zorro (comme nous l’apprend l’article passionnant de Pierre Girès dans Fantastyka N°12). Il faut voir Canutt se battre, sauter ici ou là, prendre un train en marche, tomber mille fois mais toujours se relever.
Les cliffhangers sur lesquels se concluent chaque épisode sont pour la plupart extrêmement réussis, comme celui, cité par Jean Tulard dans son dictionnaire, où Zorro a le pied coincé dans un rail de chemin de fer avec le train qui fonce sur lui.
A cette joie de découvrir un serial à la folle énergie, s’ajoute celle de retrouver une nouvelle incarnation de Zorro, le justicier masqué de Johnston McCulley, auteur malheureux totalement englouti par l’ombre de sa créature –bien davantage que Conan Doyle, Ian Fleming ou même Edgar Rice Burroughs. Et pourtant, on aimerait lire les aventures originales de Zorro, héros de pulp. Partiellement traduit dans la célèbre Bibliothèque Verte, on ne sait jusqu’à quel point la chose était fidèle à l’original… Zorro, fascinant héritier du Mouron Rouge et précurseur des super-héros à la Batman, a fasciné des générations de lecteurs et de cinéphiles.
Evidemment pas fidèle à la lettre au personnage original de McCulley, comme l’était sans doute plus LE SIGNE DE ZORRO avec Douglas Fairbanks, LE RETOUR DE ZORRO n’en est pas moins respectueux du mythe.
Ce Zorro-là, dont les hauts faits se déroulent un siècle après ceux de son ancêtre, reste le héros en noir qu’on aime acclamer. S’il défend ici les intérêts financiers de sa famille, et non de pauvres peones, il le fait avec le même panache. Davantage en tout cas que le grand méchant, un banquier un peu vulgaire planqué derrière sa radio, et un plus convaincant bandit de grands chemins, El Lobo. Zorro est l’un des rares héros à pouvoir se passer de méchants à sa taille, par la grâce de sa seule aura.
Si des bandits cherchent ici à s’emparer d’une compagnie ferroviaire, un serial comme THE GIRL AND THE GAME (avec Helen Holmes) décrivait la lutte meurtrière de deux compagnies en 1915, preuve que le thème était un classique du genre. On peut en lire une géniale novellisation (L’HEROINE DU COLORADO) chez Bouquins/Robert Laffont, signée, excusez du peu, Gustave Le Rouge !
Serial, roman-feuilleton, même combat.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà


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