Le retour du gladiateur le plus fort du monde

Un texte signé Nassim Ben Allal

Italie - 1971 - Bitto Albertini
Titres alternatifs : Return of the gladiator, Three giants of the Roman Empire
Interprètes : Brad Harris, Massimo Serato, Maria Pia Conte, Michel Lemoine.

Italie, 1971. Les genres de prédilection du cinéma populaire local que sont les westerns et les péplums vivent leurs derniers instants. Le public change, évolue et ses goûts ne sont plus les mêmes que lors des deux dernières décennies. C’est dans ce contexte, alors que sont tournés les « westerns décadents », que Alberto Albertini, dissimulé sous le pseudonyme de Al Albert tourne LE RETOUR DE MACISTE qui deviendra, à sa sortie, LE RETOUR DU GLADIATEUR LE PLUS FORT DU MONDE.
Trois siècles avant Jésus-Christ. Le proconsul Valerio, gouverneur des provinces situées aux limites de l’empire germanique oriental, fait savoir à son ami Agricola, résident dans la capitale, que le gouverneur Caio complote contre Rome. Valerio charge Marcus, ancien gladiateur au passé auréolé de gloire et homme de parole, de mener l’enquête. Autour de Marcus, une petite équipe se monte par la présence du duo Glauco et Marco. A eux trois de déjouer pièges et chausse-trappes qui les attendent afin de faire éclater la vérité et d’éviter que Lycia, la bien-aimée de Marcus ne soit mise en danger…
Chant du cygne d’un genre en pleine désuétude, LE RETOUR DU GLADIATEUR LE PLUS FORT DU MONDE a beau essayer de donner le change en empruntant des idées et surtout des images par-ci, par-là, l’envie n’y est plus. Le vétéran Alberto « Bitto » Albertini illustre platement un scénario indigent recyclant les stéréotypes (Un gouverneur félon en Germanie, des chrétiens persécutés à Rome, des scènes de catacombes) sans chercher une seule seconde à détourner les codes afin de relancer une machine sérieusement enrouée. C’est pourtant dommage, car Albertini n’a jamais manqué de talent pour s’approprier et pervertir avec soin les meilleurs idées des autres. Au générique, le connaisseur aura néanmoins la joie de retrouver le musculeux Brad Harris (dont le nom n’est pas le pseudonyme d’un obscur pilier italien de salle de gym) qu’il aura pu admirer dans quelques westerns spaghetti de la grande époque, mais aussi quelques polars allemands (la série des KOMMISSAR X) et qui, une bonne douzaine d’années plus tard sera le Brian Redford de l’hallucinant et halluciné THE MUTATIONS de Jack Cardiff.
Mélange d’aventure à l’ancienne tournée par-dessus la jambe, sans compter la séquence du pont sur le Rhin, « empruntée » à CONSTANTIN LE GRAND tourné neuf ans plus tôt par Lionello De Felice avec Cornel Wilde dans le rôle-titre ; et d’esthétique un brin plus moderne, notamment dans le montage avec ces inserts de mastication lors des scènes de banquet (et qui introduise un malaise sur lequel jouera deux ans plus tard Ferreri avec LA GRANDE BOUFFE), LE RETOUR DU GLADIATEUR LE PLUS FORT DU MONDE n’apporte rien de plus. Bavard et prévisible, il peut éventuellement intéresser par son aspect « fin de race » que par de quelconques attributs cinématographiques. Bref, un témoignage pas vraiment intéressant sur un genre à l’agonie.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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