Le Roi des zombies

Un texte signé Mickaël BenAyen

USA - 1941 - Jean Yarbrough
Titres alternatifs : King of the Zombies
Interprètes : Joan Woodbury, Dick Purcell, Henry Victor, Mantan Moreland

Modeste production de la Monogram, KING OF THE ZOMBIES constitue un exemple représentatif de la comédie horrifique telle qu’on la concevait au début des années ’40. Autant dire que l’humour s’avère très poussif et que l’aspect horrifique, minoritaire, suscitera aujourd’hui davantage de bâillements que de frissons.
L’intrigue débute lorsqu’un certain Bill Summers (John Archer, un acteur de télévision vu également dans l’excellent western DECISION AT SUNDOWN) et son domestique Jefferson Jackson (Mantan Moreland, comique Noir populaire des années ‘30 et ‘40 ensuite fort critiqué pour ses prestations caricaturales jouant sur les stéréotypes raciaux) partent pour les Bahamas. Forcé de se poser en catastrophe, leur avion termine son voyage sur une petite île apparemment paradisiaque. En dépit d’un crash sévère, Summers, Jefferson et le pilote échappent à la mort et partent explorer l’île où réside le docteur Miklos Sangre (Henry Victor, vu dans le chef d’œuvre de Tod Browning, FREAKS). Réfugié sur le paradis tropical après avoir fui l’Allemagne hitlérienne, l’autrichien Sangre vit avec son épouse, Alice, et sa nièce, Barabra, ainsi qu’une petite armée de domestiques superstitieux. Bien sûr, vu le titre du métrage, le spectateur comprend que les étranges personnages rodant autour de la demeure sont de redoutables zombies…
La mise en place étant effectuée, KING OF THE ZOMBIES peut réellement débuter et utiliser toutes les ressources du Vaudeville revisité par l’épouvante, un peu à la manière des comédies impliquant les deux Nigauds Abbott & Costello. Ou, pour nos plus jeunes lecteurs, les chassés-croisés et autres jeux de cache-cache de Scooby Doo et ses amis. Pour étoffer un peu le maigre temps de projection, Jean Yarbrough (réalisateur de DEVIL BAT et de SHE WOLF OF LONDON) a recours aux inévitables sous-intrigues romantiques de rigueur. L’essentiel du métrage consiste néanmoins en une série de cris, de portes qui claquent, de passages dérobés, d’apparitions fantomatiques et de zombies en maraude. Rien de bien neuf, mais du comique éprouvé et parfois éprouvant !
Mantan Moreland assure, quasiment à lui seul, le spectacle en voyant des monstres partout tandis que ses compagnons, eux, ne voient rien. Bourré de stéréotypes raciaux, KING OF THE ZOMBIES présente invariablement les Noirs comme stupides, ignorants, superstitieux et, surtout, lâches. Un humour à replacer dans son contexte et à prendre avec les pincettes d’usage, par conséquent. Moreland mène la danse et effectue son petit numéro aujourd’hui un peu daté, politiquement incorrect et, osons le dire, parfois ringard mais également relativement divertissant. En tout cas cette interprétation, aussi outrée et cabotine qu’elle paraisse, reste l’attraction principale du métrage et quasiment son unique intérêt. A ses côtés, les autres acteurs se débrouillent assez mal et Henry Victor ne fait pas grande impression dans un rôle initialement (et très visiblement) prévu pour Bela Lugosi. Le scénario prévisible et quelconque n’aide pas non plus à faire de ce KING OF THE ZOMBIES une grande réussite mais, toutefois, reconnaissons que certains dialogues donnent le sourire et que l’une ou l’autre scène, plutôt amusantes, fonctionnent bien dans les limites de la « comédie horrifique ». Dans l’ensemble, le métrage de Yarbrough s’avère toutefois laborieux et, en dépit d’une durée réduite à 67 minutes, parait bien longuet. Les zombies, de leur côtés, ne sont ni très effrayants ni très amusants et leurs apparitions, distillées avec parcimonie, génèrent surtout l’ennui. Le climax, enfin, semble bâclé et précipité, terminant le métrage sur une note assez négative.
Notons malgré tout que la musique de ce KING OF THE ZOMBIES fut nominée à l’Oscar et que le succès récolté fut suffisant pour motiver la sortie d’une séquelle, REVENGE OF THE ZOMBIES, deux ans plus tard.
Bref, KING OF THE ZOMBIES constitue surtout un divertissement rapidement emballé à l’intérêt limité mais qui saura intéresser les historiens du cinéma désireux de voir un exemple de l’épouvante humoristique à petit budget des années ’40. Les autres se contenteront de l’un ou l’autre gag amusant dans un ensemble tout de même sympathique.


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- Article rédigé par : Mickaël BenAyen

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