Le Royaume de sang

Un texte signé Yannik Vanesse

Espagne - 2011 - José Ramón Ayerra
Titres alternatifs : Aguila Roja, la pelicula
Interprètes : David Janer, Javier Gutiérrez, Francis Lorenzo

Le Roi de France et d’Angleterre se rendent à la cour d’Espagne. Mais derrière leurs sourires et leurs cadeaux se cache un complot pour assassiner le roi et se partager son pays. La seule personne capable de contrecarrer leurs plans et de sauver les innocents est l’Aigle Rouge, mystérieux justicier d’une habileté rare à l’épée.

La Aguila Roja est, au départ, une série télévisée espagnole. José Ramon Ayerra Diaz, qui a réalisé un certain nombre des épisodes de la série, l’adapte donc en film. Scénaristes et acteurs de la série reprennent aussi leur rôle pour donner corps à long-métrage adapté.

Un des gros soucis du “ROYAUME DE SANG” est qu’il est plus pensé comme un épisode plus long que les autres que comme un médium à part entière, ce qui est souvent le problème quand la même équipe créative s’occupe de série et long-métrage. Ainsi, le spectateur peu connaisseur du show télévisuel (et ils sont nombreux, étant donné que le film s’exporte à l’international, contrairement à la série) risque de se poser nombre de questions. Il ne sait pas pourquoi l’Aigle Rouge a revêtu ce costume et est devenu un justicier (d’autant qu’il manie un sabre japonais, ce qui n’est pas très courant à l’époque), ou comment il a acquis de telles compétences martiales. De la même façon, les autres personnages sont peu développés.
Et c’est dommage, car LE ROYAUME DE SANG offre un spectacle d’aventure et de cape et d’épée des plus agréables. L’ambiance marrie Zorro et le “cape et l’épée”, à des influences plus surprenantes. Ainsi, le héros possède un look asiatique déstabilisant mais plaisant à l’œil, avec ce costume de ninja et ce sabre oriental, et un des méchants (trop vite expédié hélas) ressemble à un mongol. De plus le dernier plan offre un hommage assez hallucinant à EXCALIBUR de John Boorman. Les séquences d’action sont plutôt correctes, si l’on excepte une tentative de bullet-time post MATRIX des plus ratées. Car l’autre soucis du “ROYAUME DE SANG” est son budget, un peu mince. Ainsi, la vision de la ville, de près et de loin, se révèle très différente, les séquences à même les rues laissant à penser que les protagonistes habitent un village, et non-une immense ville abritant le roi. Par contre, les auteurs ont pris soin de faire que les étrangers parlent dans leur langue (en français et en anglais selon le cas), un soucis de réalisme des plus agréables.
Au niveau de l’histoire, les scénaristes ne développent donc pas assez les protagonistes, mais plongent dans une histoire de complot assez classique (où les Français, encore une fois, ont le rôle d’ordures complètes) mais agréable à suivre. Prison inexpugnable (dans laquelle on entre hélas comme dans un moulin), séquences de cour et de politique, manipulations et trahisons sont offerts aux spectateurs à un rythme qui évite tout ennui. Les personnages sont charismatiques, mis à part l’Aigle Rouge quand il ne porte pas de costume. Il est, dans ce cas, un peu trop propret. Le capitaine des mousquetaires, lui, incarne un méchant au charisme effarant, qui ne peut que plaire et faire regretter qu’il ne soit pas assez présent. Comme tous films de ce genre, il était nécessaire d’ajouter une dose d’humour, qui vient évidemment du serviteur de l’Aigle Rouge, seule personne à connaître son identité. Parfois un peu lourd et manquant de subtilité (comme les scènes de pathos avec le fils rendu aveugle), il tire quelques sourires et apporte un certain équilibre au métrage.
Dommage que LE ROYAUME DE SANG n’ait pas été pensé comme un film à part entière, car il aurait pu devenir une fresque d’aventure passionnante. En l’état, il se regarde sans déplaisir mais sera vite oublié.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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