Le Sadique aux dents rouges

Un texte signé Éric Peretti

France, Belgique - 1970 - Jean-Louis Van Belle
Titres alternatifs : Dents rouges
Interprètes : Daniel Moosmann, Jane Clayton, Albert Simono

Au début des années 70, Jean Rollin tourne des films de vampires tout en étant conspué par la majorité de la critique et du public, déroutée par le style singulier du français qui est trop éloigné de celui imposé par la Hammer depuis un dizaine d’années. Des décennies plus tard, Jean Rollin fait l’objet d’un véritable culte, surtout en dehors de l’hexagone, et ses films sont disponibles dans le monde entier.
Retour au début des 70’s, Jean-Louis Van Belle, après avoir apporté sa contribution au mondo avec l’étonnant PARIS INTERDIT, tourné grâce à ses connaissances dans le milieu noctambule de la capitale, réalise lui aussi un film de vampire emprunt d’une poésie toute particulière, LE SADIQUE AUX DENTS ROUGES. Les années passent et le film semble disparaître, ainsi que son réalisateur qui poursuit malgré tout sa carrière en enchaînant les productions fauchées. Quasiment oubliés de tout le monde, absents des ouvrages consacrés au cinéma de genre français, le film et son réalisateur font soudain un fracassant retour grâce à l’acharnement de quelques passionnés.
LE SADIQUE AUX DENTS ROUGES est entièrement restauré et, ainsi paré d’une image à la beauté renversante, fait le tour des festivals, pour le plus grand plaisir de Jean-Louis Van Belle, intarissable bavard qui ne se lasse pas de raconter ses aventures de tournage et qui, requinqué par cette soudaine notoriété, tente de relancer de nombreux projets cinématographiques.
Le film raconte l’histoire de Daniel qui a été victime d’un accident de voiture. Physiquement guéri, il est persuadé d’être un vampire et croit ressentir un attrait pour le sang. Plutôt que de le convaincre du contraire, son médecin le laisse quitter la clinique avec cette croyance et organise tout un stratagème pour que Daniel continue à y croire. Cela doit lui permettre d’étudier le cas du jeune homme, mais le comportement de ce dernier devient de plus en plus aberrant, il tente d’étrangler une femme dans un cinéma et finit par assassiner une vendeuse de magasin de farces et attrapes. Dès lors, Daniel devient le centre de toutes les attentions : la police veut l’arrêter, la presse veut le trouver en premier pour avoir un scoop, le médecin veut l’étudier et un mystérieux dompteur veut le capturer pour l’exhiber dans son cirque…
Poétiquement décalé, et bien que possédant un scénario pas nécessairement plus stupide que les grosses productions actuelles, LE SADIQUE AUX DENTS ROUGES mécontentera une bonne partie du public d’aujourd’hui, très friand d’effets spéciaux numériques et de montage épileptique. Par contre, les amateurs de vieilles productions fauchées mais inventives, souvent regroupées sous le terme péjoratif de nanars, y trouveront leur bonheur. Jean-Louis Van Belle ose des séquences à reculons et sature certaines de ses images. Ses acteurs ne se donnent aucune limite et n’ont jamais peur d’en faire trop, avec une mention spéciale à l’assistant du médecin, bourré de tics faciaux qui ne cesse de répéter ce qui vient de se dire, ou le dompteur très fier de son costume. Quant au final, après un improbable croisement entre LE BAL DES VAMPIRES et un générique de fin à la Benny Hill, il porte, en offrant au vampire un dernier monologue, la poésie touchante de Van Belle vers des sommets… de ridicule diront les mauvaises langues.


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- Article rédigé par : Éric Peretti

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