Le Salaire Du Diable

Un texte signé André Cote

USA - 1957 - Jack Arnold
Titres alternatifs : The Man in the Shadow
Interprètes : Jeff Chandler, Orson Welles, Colleen Miller, Ben Alexander, Barbara Lawrence...

Le shérif d’une petite bourgade américaine enquête sur la mort d’un ouvrier dans un ranch. Il ne tarde pas à se heurter à l’entrepreneur qui agit en despote

Réalisateur américain, Jack Arnold est connu pour avoir réalisé plusieurs classiques du cinéma fantastique et de la science-fiction dans les années 50 : L’HOMME QUI RETRECIT (THE INCREDIBLE SHRINKING MAN), LA CREATURE DU LAGON NOIR (CREATURE FROM THE BLACK LAGOON) et aussi LE METEORE DE LA NUIT (IT CAME FROM OUTER SPACE). Avec LE SALAIRE DU DIABLE (THE MAN IN THE SHADOW), nous pourrions croire qu’il aborde un genre qui lui est inconnu : le western, avec ce shérif qui défend la loi au sein d’une petite bourgade américaine.
Cependant, certains rapprochent ce SALAIRE DU DIABLE du TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS (HIGH NOON) de Fred Zinnermann. Dans ce dernier, le héros de l’histoire, Will Kane, est aussi un shérif qui se retrouve seul pour combattre un homme, puisque les habitants que Kane cherche à recruter se dérobent. Ici, le représentant de la loi se nomme Ben Sadler et il doit faire face à une situation similaire, puisque tous ceux qu’il côtoie refusent de lui prêter main forte, ou pire encore, tentent de le pousser à abandonner toutes les charges qui pèsent sur le propriétaire du ranch, à savoir Virgil Renchier, interprété par un Orson Welles impérial.
Si le penchant de Jack Arnold pour ce récit peut surprendre au vu de ses précédents longs-métrages, nous nous apercevons, néanmoins, de quelques similitudes dans son approche du genre américain par excellence (le western, donc) et des récits de science-fiction.
En effet, dans les trois films suscités de sa filmographie, nous nous retrouvons plongés dans une atmosphère semblable. Dans le prologue du METEORITE DE LA NUIT, le préambule est un panoramique sur un désert et des montagnes, avant qu’une roche d’origine extra-terrestre ne fasse irruption. Le Lagon Noir du film éponyme se rapproche d’un territoire que la créature dudit récit protège, à l’instar des Indiens avec leur environnement, et la notion de territorialité est aussi abordée dans L’HOMME QUI RETRECIT, puisque l’homme dont il est question doit s’adapter à son nouvel environnement, un décor familier comme une chambre pouvant devenir une source de danger du fait de sa nouvelle taille. Le shérif Sadler, lui, doit combattre l’autorité de l’entrepreneur Renchier sur sa propre circonscription. Il est donc bien question d’une zone qui délimite les pouvoirs de chacun.
De plus, Arnold enchaîne les scènes de foule avec les plans d’ensemble où Sadler est regroupé dans le cadre avec les habitants qui s’opposent verbalement à lui. De la sorte, le metteur en scène parvient à nous faire percevoir la pression ressentie par le personnage, puisque ses interlocuteurs le menacent de représailles alors qu’ils partagent le même espace à l’écran. Un soin dans la gestion de l’espace scénique que nous retrouvons tout au long du film et qui contribue pour beaucoup à la montée de la tension.
Entre polar et western, LE SALAIRE DU DIABLE est un métrage qui réserve des moments intenses (la torture de Sadler par les sbires de Renchier notamment) et surprend par la profondeur de ses personnages. S’il y a quelques temps faibles, cela n’entache en rien la qualité de l’ensemble. A redécouvrir, tout simplement.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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