Le Samouraï du Crépuscule

Un texte signé Chrystelle Cavaglia

Japon - 2002 - Yoji Yamada
Titres alternatifs : Tasogare Seibei
Interprètes : Hiroyuki Sanada, Rie Miyazawa, Mitsunu Fukikoshi, Ren Osugi, Miki Ito, Erina Hashiguchi, Min Tanaka, Tetsuro Tanba

Célèbre au Japon pour la série TORA-SAN, composée de 48 films, Yoji Yamada réalise avec LE SAMOURAI DU CREPUSCULE le premier volet d’une trilogie inspirée de nouvelles de l’écrivain Shuhei Fujisawa. La seconde partie du triptyque, LA SERVENTE ET LE SAMOURAI (KAKUSHI-KEN : ONI NO TSUME – 2004), est sortie en France antérieurement (déjà chroniquée dans Sueurs Froides). Quant à la dernière, intitulée L’AME DU SAMOURAI (BUSHI NO ICHIBUN), elle a été filmée cette année même. Le réalisateur nous livre de façon remarquable et émouvante ses considérations sur les conditions de vie des différentes couches de la population japonaise au temps des samouraïs.
Lorsque l’ère Meiji commence, l’heure de gloire des samouraïs décline. Seibei Iguchi, samouraï de basse caste, travaille alors comme gestionnaire des réserves du seigneur de son clan, ce qui lui rapporte un salaire plus que modeste. Lorsque son épouse succombe à une grave maladie, il se retrouve seul et endetté pour lever ses deux fillettes et s’occuper de sa vieille mère sénile. Comme il rentre toujours tôt du travail, avant que la nuit tombe, ses collègues et amis le surnomment ‘Seibei le crépuscule’.
L’histoire s’avère simple puisqu’elle raconte la vie quotidienne d’un samouraï sans ambition qui aspire à une existence paisible. En effet, Seibei Iguchi gagne peu d’argent mais semble heureux avec ses deux filles qu’il chérit. Il ne songe pas à se remarier lorsque sa femme meurt, emportée par la maladie. Le tout se déroule sur fond de romance noble et malheureuse, tout comme dans LA SERVANTE ET LE SAMOURAI.
Dans sa description réaliste des moeurs de l’époque, le réalisateur insère quelques éléments sociaux qui apportent leur lot de critiques de la société nipponne d’hier et d’aujourd’hui. Par exemple, la situation plutôt exceptionnelle de Tomoe qui, grâce aux relations de son frère, arrive à se faire répudier : c’est-à-dire que le seigneur lui permet de divorcer, ce qui était impossible dans un système féodal où la femme ne comptait pas. Il met également l’accent sur l’asservissement des vassaux par le système de clans lorsque Seibei, qui est depuis toujours fidèle à son clan, s’avère contraint d’accepter la mission que lui confie son seigneur.
La mise en scène demeure linéaire, ce qui sert à merveille le récit dont la narration est assurée par Ito, la plus jeune des deux fillettes, qui raconte avec fierté l’histoire de son père. Elle est aussi très soignée et offre des plans composés avec art, notamment lors de l’enterrement de l’épouse de Seibei, qui a lieu un jour de neige. Ou encore durant le combat entre Seibei et Zenemon dans une maison éclairée tout en contre jour. Les décors et la photographie sont d’ailleurs de toute beauté.
Les combats sont peu nombreux mais empreints de réalisme et de brutalité. Pendant le duel entre Seibei et un autre samouraï, on ressent tout le danger et les risques que prend ce dernier, armé seulement d’un bâton face au sabre tranchant de son adversaire.
Les personnages sont profonds, bien décrits et attachants. On découvre avec émotion le portrait d’un homme que sa naissance force à une condition dans laquelle il ne se reconnaît pas. Il est vrai que Seibei aimerait devenir paysan, si toutefois il pouvait abandonner son statut de samouraï.
Avec LE SAMOURAI DU CREPUSCULE, Yoji Yamada nous conte donc la vie d’un petit samouraï de manière réaliste, noble et émouvante.


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- Article rédigé par : Chrystelle Cavaglia

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