Le Sens du devoir 5

Difficile d’encore surprendre et d’innover lorsqu’une série en arrive à son cinquième épisode, d’autant que le précédent s’était non seulement imposé comme le meilleur de la saga mais, également, comme un des polars martiaux les plus réussis des années 80. LE SENS DU DEVOIR 5 part donc sur de mauvaises bases et le résultat, quoique sympathique, n’en est pas moins faiblard et largement en deçà des premiers volets.
De méchants criminels sud-coréens vendent des secrets militaires américains aux Russes et un brave bidasse, joué par David Wu, est pris au piège d’un complot visant à l’accuser de trahison et lui faire porter le chapeau. Il croise la route de Madame Yueng (toujours jouée par Cynthia Khan) qui va tenter de l’innocenter avec l’aide d’une jeune fille, May, la seule capable de témoigner en sa faveur.
Rien de nouveau ni de palpitant dans ce cinquième épisode de l’interminable saga qui compte aujourd’hui sept volets officiels, une préquelle (NOCES DE FEU) et une poignée de titres « satellites » qui lui furent officieusement reliés. L’intrigue, pour commencer, n’est guère motivante et se contente de mélanger, de manière peu inspirée, les ingrédients coutumiers du « Girls with guns » : une flic de choc adepte des arts martiaux, des trafiquants, les triades, les services secrets américains, etc. Cette succession de figures imposées, jamais passionnantes, laissent, heureusement, la place nécessaire à quelques jolis combats martiaux proposés à intervalles réguliers. Presque mécaniquement, le cinéaste offre donc une scène d’action toute les dix ou quinze minutes afin de relever l’intérêt défaillant du spectateur. Comme la plupart des productions D & B, LE SENS DU DEVOIR 5 se repose entièrement sur cette action rapide, brutale et électrisante, le scénario n’étant qu’accessoire et souvent un brin confus. La mise en scène, l’interprétation et les moyens investis ne permettent d’ailleurs aucun miracle et n’évitent pas au film un côté fauché à l’image d’une série télévisée policière de fin d’après-midi. Seuls les cascades, poursuites, gunfights et autres duels martiaux élèvent le niveau et s’avèrent soignés, le métrage dispensant une quantité appréciable de scènes d’action aux chorégraphies bourrines à souhait. Le climax, comme toujours avec ce type de production, constitue le combat le plus réussi et détaille une longue joute au katana entre Cynthia Khan et la chef des criminels. Dommage que l’intrigue basique et la caractérisation des intervenants, plus que sommaire, ne soit pas du même tonneau.
Unique constante dans une saga mouvante, l’inspectrice Yeung n’est par exemple guère développée et son personnage se limite à ses caractéristiques essentielles : elle est jeune, jolie sans être une beauté fatale, possède un certain humour et se débrouille formidablement bien aux arts martiaux. Remplaçante de Michelle Yeoh Khan et Cynthia Rothrock qui se disputaient la vedette des deux premiers volets, Cynthia Khan (les producteurs n’ont pas cherché la complication pour lui trouver son nom de scène référentiel !) partage ici l’écran avec David Wu (ROBOTRIX, TIGER CAGE 2) aux côtés de la jeunette Alvina Kong, du chorégraphe Chris Lee, de l’éternel méchant Billy Chow (ESCAPE FROM BROTHEL, KICKBOXER’s TEARS) et de l’acteur réalisateur vétéran Lo Lieh (LA MAIN DE FER).
Dans l’ensemble, LE SENS DU DEVOIR 5 remplit son contrat et assure un divertissement honnête, ponctué de belles cascades et de joutes martiales énergiques. Mais il ne faut pas en attendre davantage qu’une petite série B vite emballée, sympathique à regarder mais sitôt vue sitôt oubliée.