Le sens du devoir 6

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Hong Kong - 1991 - Siu-keung Cheng, Jun-Man Yuen
Titres alternatifs : Di xia bing gong chang
Interprètes : Cynthia Khan, Loletta Lee, Robin Shou, Philip Kwok, Waise Lee

Longue saga informelle riche de sept épisodes (8 si on y ajoute le « préquel » NOCES DE FEU, davantage encore si on compte les trois déclinaisons plus ou moins officielles comme YES MADAM ’92 : A SERIOUS SHOCK, YES MADAM 5 et YES MADAM 95), LE SENS DU DEVOIR constitue probablement, du moins pour beaucoup de fans occidentaux, l’étendard du « Girls with guns ». Ces petits films asiatiques, très populaires du milieu des années ’80 au début de la décennie suivante, mélangent action, polar et arts martiaux en donnant le premier rôle à une demoiselle habile de ses poings et de ses pieds. Celle-ci n’est autre, ici, que Cynthia Khan (dont le pseudonyme résulte d’une combinaison habile mais opportuniste entre les deux précédentes stars de la série : Cynthia Rothrock et Michelle Khan – alias Yeoh), jeune taïwanaise âgée d’une vingtaine d’années et très à l’aise dans les affrontements musclés.
L’intrigue de ce LE SENS DU DEVOIR 6 s’avère, elle, simple, pour ne pas dire simpliste : trois inspecteurs de police, Chen, Hua et Madame Yeung, doivent unir leur force contre de redoutables trafiquants d’armes. La particularité du métrage, tourné peu avant la Rétrocession, réside dans l’union des trois Chines, symbolisée par les représentants de l’ordre qui proviennent, respectivement, de Taiwan, de Chine et de Hong Kong. Le trio va tenter de stopper les trafiquants, dirigés par le dangereux Paul (Robin Shou, vu dans MORTAL KOMBAT) qui espère équiper les gangsters hongkongais de munitions capables de transpercer les gilets par balles des policiers.
Après l’éclatante réussite que fut LE SENS DU DEVOIR IV, le cinquième volet avait déçu les afficionados, lesquels doivent pourtant se rendre à l’évidence : ce sixième épisode est encore moins probant. Certes, le quota de bagarres, de duels martiaux, de fusillades et de cascades est, globalement, respecté mais rien, hélas, ne permet de distinguer cette modeste série B de la masse des productions similaires sorties durant les années 80 et 90. Au niveau des combats à mains nues, seul le premier d’entre eux (au cours duquel Cynthia Khan se déchaine sur un camion en marche) et le dernier (contre Robin Shou) se révèlent vraiment prenants et efficaces. Les autres, quoique corrects, manquent de variété ou de folie pour s’élever au-dessus de la moyenne et les chorégraphies ne sont pas suffisamment spectaculaires pour emporter l’adhésion. De la même manière, LE SENS DU DEVOIR 6, dans son ensemble, souffre de cette banalité déjà présente dans son scénario générique, lequel a déjà servi à des dizaines de films, de téléfilms et de séries policières de fin d’après-midi, du temps où les séries n’étaient pas tendances mais ringardes. La réalisation confectionnée à la hâte, pour ne pas dire à l’arrache, ne sauve pas les meubles et se contente de cadrer correctement les coups de pieds décochés par les combattants. Les interprètes n’ont, eux non plus, absolument rien d’extraordinaires et leur personnage, très schématiques, auraient grandement bénéficiés d’un minimum de développement. Comme dans bien des séries B du même style, beaucoup de scènes paraissent, en outre, bâclées ou sans autre intérêt que d’atteindre une durée réglementaire en jouant la carte du remplissage. L’humour utilisé, pour sa part, n’est ni très raffiné ni de la première fraicheur et se limite souvent à des blagues homophobes d’un goût douteux. Cependant, quelques situations parviennent à décrocher un sourire chez les plus indulgents.
Si LE SENS DU DEVOIR 6 constitue une déception par rapport aux standards de la série, il n’en reste pas moins un passable passe-temps, pas vraiment passionnant mais pas piteux pour autant. La présence de Cynthia Khan, quelques bons combats, un final musclé et une bonne dose d’humour rendent l’ensemble agréable. Quoique sans surprise et complètement oubliable, LE SENS DU DEVOIR 6 demeure un divertissement acceptable pour les inconditionnels du « Girls with guns ».


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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