Le Territoire Des Ombres : Le Monde Interdit
Au moment où s’achevait LE TERRITOIRE DES OMBRES, LE SECRET DE VALDEMAR, le spectateur laissait les personnages principaux dans une situation quelque peu tendue. Une jeune femme emprisonnée par d’étranges personnes, après qu’elle ait été confrontée à ce qui se terre dans la demeure maléfique qu’elle était venue expertiser, et deux duos approchant de la maison tout en s’interrogeant sur ce qu’ils allaient y trouver. L’un de ces groupes apprenait, en même temps que le spectateur, ce qu’il était advenu de Valdemar, et la malédiction qui le frappa de plein fouet.
Cette deuxième partie est toujours réalisée par José Luis Aleman. Il était parvenu, dans le film précédent, à dévoiler une histoire certes classique, mais prenante, avec une ambiance délicieusement dérangeante et une reconstitution passionnante de l’ère victorienne. De surcroît, le spectateur avait pu rencontrer un excellent Alleister Crowley, très important pour l’histoire. Dans ce LE TERRITOIRE DES OMBRES, LE MONDE INTERDIT, José Luis Aleman (toujours scénariste s’inspirant du travail de Lovecraft) doit surtout positionner son histoire dans le présent, et résoudre tous les mystères laissés en suspens dans la première partie.
Hélas, le réalisateur est bien plus doué pour poser son mystère que pour le résoudre. Le récit semblait classique, et le restera ici, avec une histoire de pacte, de secte, de sacrifice et de terrible invocation. Cependant, ce n’est pas ce qui dérange le plus dans ce métrage. Certains rebondissements sont un peu téléphonés, voir peu crédibles (les héros s’enfonçant dans la grotte maléfique pour s’enfuir alors qu’il y a un autre passage possible), un peu comme si le réalisateur rajoutait des choses pour faire durer un peu plus longtemps son récit. Ainsi, pendant la plupart du scénario, nos héros s’évadent et se font reprendre avec une constance un peu déplaisante, ce qui, finalement, n’apporte que peu de chose au récit. L’histoire, ainsi, n’est même plus angoissante (l’exploration de la grotte fait plus penser à un remake un peu plus pauvre de la visite de la Moria dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX qu’à une séquence de film d’horreur), mais provoque un ennui un peu poli, alors que le spectateur ne parvient pas à ressentir de l’empathie pour ses personnages. Ceux-ci, en effet, son plutôt caricaturaux, voir agaçants dans leur manière de se chamailler, alors que, dans LE SECRET DE VALDEMAR, le réalisateur était parvenu à créer un Valdemar des plus attachants.
José Luis Aleman avait utilisé Alleister Crowley à l’intérieur de sa première partie. Ici, lors d’un flash-back, il fait apparaître Lovecraft. Si le clin d’œil est amusant, le personnage n’apporte pas grand chose, et finalement, cette séquence ne dépasse pas le clin d’œil appuyé, contrairement à Crowley qui avait une véritable importance. Alors, nous attendons la venue de Cthulhu, annoncée par l’affiche, et cette attente maintient l’attention. Et, si son apparition est impressionnante, les effets spéciaux bien faits, nous sommes bien loin de la puissance évocatrice de la nouvelle « l’appel de Cthulhu ». Le Grand Ancien en est réduit à un monstre qui tue quelques personnes avant de disparaître, ce qui est bien dommage, le réalisateur concluant de surcroît son récit par une happy-end en inadéquation totale avec l’écrivain dont il s’inspire.
Au final, LE MONDE INTERDIT se laisse voir, bien qu’il ne soit pas des plus palpitant mais, en ayant provoqué une réelle attente grâce à LE SECRET DE VALDEMAR, le réalisateur ne peut que provoquer une triste déception face à la manière dont il conclut son œuvre.
