retrospective

Le Trio Magnifique

Profitant du chaos consécutif à la guer-re, le seigneur Wen pressure ses admi-nistrés en dépit de la disette. Afin de le faire fléchir trois villageois kidnappent sa fille en exigeant la levée de l’impôt conformément aux instructions de l’Empereur. Lu Fang, de retour du front, se porte d’abord au secours de la jeune fille avant de se ranger au côté des insurgés. Contrarié par l’apparition de ce prodige du sabre Wen envoie son propre expert qu’il emploie en fermant les yeux sur des exactions passées. Les deux combattants une fois face à face se reconnais-sent comme hommes d’honneur et décident de ne pas combattre. Le tyran, avec l’aide de son éminence grise, enlève la fille du chef du village afin de procéder à un échange. Celui-ci se passe mal et la jeune paysanne se sacrifie pour que les siens ne capitulent pas. Dégoûté par l’issue tragique du conflit Lu Feng restitue la fille du seigneur et s’engage à subir une punition à la condition que le seigneur épargne les villageois et lève l’impôt. Après s’être montré conciliant, Wen cherchera à faire mourir le héros de faim dans ses geôles et ordonnera le massacre des paysans par une bande de hors-la-loi dans le but de récupérer une pétition dénonçant ses agisse-ments. Ce film rassemble toutes les caractéristiques du wu xia pian pur et dur : loyauté entre les artistes mar-tiaux en dépit de leur opposition, condamnation des abus de pouvoir et de l’exploitation du faible par le fort, sacrifice d’un individu pour le bien de la communauté… Les inconditionnels du genre seront ravis de retrouver la patte de la Shaw, ses décors et ses costumes, et les chorégraphies des nombreux combats correspondent à l’idée qu’on se fait d’un film de sabre à la chinoise. N’empêche qu’on s’emmerde sec au bout d’une heure. Les incohérences scénaristiques, le jeu outrancier et approximatif de certains interprètes font ressentir le poids de la rentabilité avant la sincérité. Chang Cheh a fait bien mieux et la différence n’en est que plus mar-quée. Le bonus du disque ne fait que confirmer cette impression, on y voit un acteur très secondaire du métrage régler ses comptes et parler d’argent plus que de cinéma. L’expression film de studio prend soudain tout son sens et le spectateur est lésé. Evidemment l’image est impeccable et le son plutôt bon, Wild Side fait du bon boulot et certains seront sûrement heureux de pouvoir compléter leur étagère avec ce film.

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