Le Vieux Jardin

Un texte signé Michaël Guarné

Après THE PRESIDENT’S LAST BANG et UNE FEMME COREENNE, deux métrages entièrement ancrés dans l’histoire du Pays du Matin Calme, Im Sang-soo continue sur la même voie avec LE VIEUX JARDIN, un mélodrame engagé adapté du roman éponyme de Hwang Sok-yong. Un film émouvant ayant pour contexte les troubles de la province de Kwangju en 1980, et les manifestations musclées qui en découlèrent, conséquences directes du coup d’état de fin 79.
Mai 1980, Hyun-woo, jeune militant socialiste, fuit une manifestation réprimandée par les forces armées et trouve refuge dans les montagnes. Recueilli par Yoon-hee (la belle Yum Jung-ah, vue dans 2 SŒURS), il tombe rapidement sous le charme de cette dernière. Après quelques mois idylliques passés en sa compagnie, sa flamme militante finit par le rattraper et il décide de retourner à ses activités politiques. A peine arrive t-il en ville qu’il est interpellé par la police. Résultat : 17 ans derrière les barreaux. Presque deux décennies ont donc passé, et Hyun-woo, tout juste sorti de prison, redécouvre son pays tout en se remémorant le passé…
Le montage choisi joue vraiment en faveur du film. Le fait d’entrecouper passé et présent implique réellement le spectateur dans l’histoire ; on se sent ainsi véritablement proche des évènements narrés. Les moments calmes du présent s’opposent en quelque sorte à ceux plus tendus du passé (la grosse scène de manifestation, filmée comme un documentaire, est très réaliste et violente), donnant à ceux-ci un véritable impact.
Le jeu des acteurs est quant à lui toujours juste. Le tandem Yum Jung-ah/Ji Jin-hee fonctionne vraiment bien et la romance, loin d’être futile, paraît réellement crédible. Certains risqueraient même d’y verser quelques larmes à la vue du triste destin de Yoon-hee. Une touche romantique assez nouvelle d’ailleurs chez ce réalisateur qui nous avait habitué jusqu’alors à des films moins portés sur les émotions.
LE VIEUX JARDIN a beau présenter une galerie de personnages engagés politiquement parlant, il n’est cependant pas de ces films qui imposent une idéologie plus qu’une autre. C’est ainsi qu’à l’activisme aigu de Hyun-woo s’oppose le pacifisme de Yoon-hee. Quoi qu’il en soit, Im Sang-soo montre que peu importe qu’on prenne part ou non à ces mouvements, la conséquence directe étant la même : ils vous affectent, que vous le vouliez ou non. Yoon-hee étant évidemment la première touchée par ces évènements importants de l’histoire coréenne.
Bien que souffrant par moments d’un rythme un peu lent, LE VIEUX JARDIN demeure en fin de compte un drame poignant. On lui pardonnera même sa fin gentillette car le propos global reste toujours intéressant et bien mis en scène.